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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 19:50

Après l’émotion suscitée par le drame des réfugiés syriens, les photos du « rapport Cesar » qui documentent les tortures et assassinats du régime Assad jettent une lumière crue sur les causes de l’exil des Syriens et motivent une action de la justice française contre Bachar Al Assad. En toile de fond, les affrontements à la tribune de l’ONU sur les issues du conflit et les opérations militaires de Poutine visant les villes qui aspirent à une Syrie libre. Son projet d’un maintien au pouvoir du tyran de Damas doit être démasqué et combattu.

La carte ci-dessus démontre que les bombardements russe ne s'en prennent pas à Daech mais aux zones de l'opposition à Assad, laquelle combat aussi Daech.

 

Un axe Russie – Iran – Hezbollah – Extrême-droite – …

Lors d’un rassemblement de soutien au soulèvement des Syriens, organisé à Paris le 25 juin 2011 devant le Panthéon, les Parisiens venus exprimer leur solidarité aux manifestants déjà massacrés à cette date avaient entendu le récit de la barbarie du régime Al Assad de la bouche de nos amis syriens.

Parmi leurs slogans, celui-ci avait suscité l’étonnement de participants en criant : « Honte à la Russie ! Honte à la Chine ! Honte à l’Iran ! Honte au Hezbollah ! ». Au cours des quatre terribles années de ce conflit, cet axe n’a cessé de montrer sa capacité de nuisance et chacun a vu qu’il faisait bloc avec l’extrême droite française, européenne, étasunienne même avec Donald Trump qui soutient Assad.

Grand fournisseur d’experts et d’armements au régime de Bachar Al-Assad, le gouvernement russe a une responsabilité  morale et  aussi très concrète dans les crimes commis envers le peuple syrien par sa présence militaire en Syrie avec ses bases à Tartous et à Lattaquié .

 

 

« Sauver la Syrie ou sauver Assad »

Une partie de l’opinion française s’inscrit, faute de mieux ou au nom d’une "real politik", dans un faux choix, celui qui exige de « choisir entre Assad et Daech ». C’est faire mine d’ignorer que Daech est la créature d’Assad et qu'il incarne l'alibi mis en avant par la dictature pour jouer les utilités, voire le "rempart contre le terrorisme"... et pour prétendre faire partie de "la solution".

Il en découle un positionnement pro-Assad qui est partagé par la droite dure avec Thierry Mariani, pivot du lobby pro-Poutine en France (Les Républicains), par le Front National avec Florian Philippot qui "préfère les méchants aux très méchants", par le Parti de Gauche qui se range à "la proposition russe faite par le ministre (des affaires étrangères de Poutine) S. Lavrov" ou par le Parti Communiste, quand Pierre Barbancey de l’Humanité  ne voit que "de la pure sémantique diplomatique" lorsque F. Hollande écarte un avenir de la Syrie passant par Bachar Al Assad.

 

 

Le peuple syrien et ses insurgés existent encore !

 

Le point commun à ces positionnements est qu’elles  traitent par le mépris absolu les acteurs essentiels : la population syrienne  – vue comme simple spectatrice – et les Syriens qui avec son soutien continuent de se battre avec héroïsme pour une Syrie libre face à la dictature .

Pour ces politiciens, les opposants "modérés" auraient disparu ou seraient devenus de simples jouets des monarchies du Golfe.

Comme si les aspirations à une société civile dans un État de droit, particulièrement dans la jeunesse, avaient disparu en Syrie. Une double peine pour ceux qui là-bas osent encore en rêver, dans l'indifférence de trop de politiciens occidentaux qui n'en ont cure.

Qu'ont-ils d'autre à leur proposer que de garder sine die leur bourreau sous tutelle russe et iranienne ? La déclaration officielle française devant l’ONU ne s’y résout pas, ce qui est très honorable. Tandis que certains voudraient cacher  sous la table les images des villes bombardées par le régime, des enfants coincés sous les décombres et des prisonniers suppliciés, les défenseurs des droits humains ont un  rôle capital à jouer. En qualité de citoyens du monde, on ne peut se borner à compter les points, tandis que là-bas on compte les morts, et que de sombres calculs en préparent beaucoup d'autres.

 

 

"Union sacrée" pour Assad autour de l’axe russo-iranien

 

Poutine lui est cohérent et il compte juste sur la naïveté des gogos pour qu'on le laisse atteindre ses objectifs expansionnistes. A-t-on si vite oublié ses atrocités en Tchétchénie, le nettoyage radical de la capitale Grozny et l’installation du pantin-dictateur Kadyrov? Celui-ci a fait assassiner de nombreux Tchétchènes ainsi que des journalistes et des membres d’ONG. Prétendument engagé dans un combat contre l'islamisme, il impose aux femmes le port de tenues dites islamiques et a contraint la population à participer à une manifestation contre Charlie, au lendemain des attentats de janvier dernier.

Si l'engagement militaire russe en Syrie est avéré de longue date, il vient de changer de dimension en se présentant comme une réponse légitime à l’appel au secours du régime syrien. Mieux, il s'inscrit dans le cadre d'une "guerre sainte" contre le terrorisme. Les chasseurs-bombardiers russes en partance pour une mission de frappes en Syrie n’ont-ils pas été bénis avant leur décollage par les chefs de l'Eglise orthodoxe russe ? Comme l’a déclaré son porte-parole : "Le combat contre le terrorisme est une guerre sainte et aujourd'hui, notre pays est peut-être celui qui le combat le plus activement", ajoutant avec aplomb que "cette décision est conforme au droit international, à la mentalité de notre peuple et au rôle particulier que notre pays a toujours joué au Moyen-Orient". Pour le patriarche orthodoxe Kirill, "La Russie a pris une décision responsable en utilisant ses forces armées pour défendre le peuple syrien frappé par le malheur".

Même soutien de la part du grand mufti musulman de Russie, Talgat Tadjouddine. On connaît les convergences nationalistes ainsi que les liens d’intérêt et de corruption entre ces différentes hiérarchies ecclésiastiques et l’État russe.

De fait, on observe, du côté de Lattaquié en Syrie, une arrivée massive de matériels et de troupes russes au sol. Dans le même temps, des centaines de soldats iraniens, regroupés à Téhéran pour une parade devant le mausolée de l’ayatollah Khomeini, ont été acheminés en Syrie. Tout indique l’imminence d’une intervention terrestre à grande échelle, principalement motivée par l’objectif de pérenniser le régime syrien et de garder la main sur son avenir.

 

 

Les révélations de César et les premières frappes russes

Les premiers bombardements russes n’ont pas visé les positions de Da’ech, mais des villes acquises à la cause d’une Syrie libre et divers autres groupes rebelles (voir la carte qui figure en haut). Pour qui en aurait douté, l'objectif de Poutine n’est pas de réduire à néant  Daech, mais bien de sauver le régime en l’aidant à neutraliser toute l’opposition. C’est un choc pour les gens qui croyaient sincèrement que la Russie jouerait une partition "loyale".

 

 

Dans le même temps, suite à une enquête éprouvante et minutieuse, les terribles photos des archives militaires sur la torture en prison, exfiltrées en 2013 de Syrie avec son auteur dit Cesar, ont resurgi avec la parution de l’ouvrage de Garance Le Caisne intitulé : « Opération César – au cœur de la machine de mort syrienne ». Prenant à témoin l’opinion, le Président François Hollande a confirmé le bien-fondé de sa position pour une solution politique ne passant pas par un maintien au pouvoir de Bachar Al Assad.

 

 

Dans le même esprit, les dirigeants français ont annoncé le lancement d’une action judiciaire contre les auteurs des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis sous les ordres du régime syrien. Ces éléments sont de nature à montrer aux Français le vrai visage du despotisme qui pousse la Syrie au fond du gouffre et menace le monde.

 

 

L’extrême-droite française vénère Assad et Poutine

Le député du Rassemblement Bleu Marine, l’avocat Gilbert Collard se dit prêt à défendre Bachar al-Assad s'il est un jour traduit devant un tribunal international pour « crimes contre l'humanité ». « Nous avons besoin impérativement de l'aide de Bachar el-Assad sur le plan des renseignements, des informations, de la logistique, et si on veut se débarrasser des nazis d'aujourd'hui, l'Etat islamique, on a besoin de lui», a-t-il déclaré.

 

Pour la présidente du FN, l'ouverture en France, par le parquet de Paris, d'une enquête préliminaire pour crimes contre l'humanité visant Assad n'est qu'une « opération pour éviter que la Russie prenne la pôle position en matière diplomatique ».

Enfin dernièrement, Nadine Morano et Marion Maréchal-Le Pen se sont rendues à Moscou avec une poignée de parlementaires français pour participer à une conférence de propagande du régime russe intitulée « Forum parlementaire international ». Depuis Moscou, Nadine Morano  a réitéré ses propos racistes, salué les bombardements russes en Syrie – qui visent l'opposition et des civils mais pas Da’ech – en voyant dans un retour à la "stabilité" en Syrie le gage d’un retour des réfugiés dans leur pays, et en qualifiant Bachar Al Assad de seul "interlocuteur crédible en Syrie" ! Elle a ainsi officialisé son entrée dans le club des relais de Poutine, y rejoignant le Front National, le député LR et raciste Thierry Mariani et l'ex-premier ministre Fillion.

 

 

Porter haut les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité

Face à une telle offensive des partisans d’un pouvoir musclé et d’une société d’exclusion, il est vital d’en décrypter les ressorts et de lancer des alertes à la hauteur des dangers. Elles peuvent rencontrer un écho tant cette offensive prend un tour caricatural et donne dans l’outrance.  Il est temps de développer l’exigence partagée d’une société inclusive et d’un monde affranchi de la loi du plus fort incarnée par les dictateurs en place. Aidons les Syriens à réaliser leur rêve d’une Syrie libre.

 

Gérard Lauton pour Memorial 98

 

Articles précédents de Gérard Lauton pour Memorial 98:

 

 

http://www.memorial98.org/2015/09/pour-les-refugies-syriens-et-pour-une-syrie-libre.html

 

http://www.memorial98.org/article-syrie-un-an-de-combat-et-de-debat-101451973.html

 

www.memorial98.org/article-syrie-quand-lhumanite-s-inquiete-pour-bachar-al-assad-124688465.html

 

Voir aussi, depuis le début de la mobilisation du peuple syrien en mars 2011 , les nombreux articles de Memorial 98 concernant la  Syrie ici et sur nôtre blog d'actualités "L'Info Antiraciste", dont :

 

www.memorial98.org/2015/03/noussommessyriens-4-annees-de-lutte-contre-les-tyrannies-de-bachar-al-assad-et-de-daech.html

 

 

info-antiraciste.blogspot.fr/2015/08/syrie-refugies-crimes-de-guerre-quand.html

 

 

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12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 15:21
#NousSommesSyriens: 4 années de lutte contre les tyrannies de Bachar Al Assad et de Daech

Depuis quatre ans, les grandes puissances ont contemplé sans réagir les bombes chimiques, les bombes incendiaires tomber sur des centaines de milliers de civils. Ils ont laissé écraser les mains de caricaturistes syriens. Ils ont  laissé torturer et violer des femmes libres. Cet abandon a entraîné  des conséquences négatives dans l'ensemble de la société. Nous avons arrêté de compter le nombre des victimes, et laissé défiler sur nos fils d’actualité les corps sanglants des victimes. Nous les avons anonymisés, confondus dans un vague ensemble qu’on a désigné comme « la complexe tragédie syrienne ».

Et puis il y a deux mois, la tragédie a frappé ici en France puis au Danemark , quand les morts étaient à côté de nous, comme nous, alors, brusquement, nous avons jeté la complexité aux orties.

Il y avait une « situation géopolitique inextricable » , aujourd’hui il reste un acronyme Daech.

Et nous tombons d’erreur en erreur.

La situation en Syrie, il y a quatre ans n’était pas si compliquée que cela : il y avait une révolution démocratique contre un dictateur. Un formidable et héroïque élan contre l’héritier d’une dynastie d’oppresseurs sanglants, tenant d’une main de fer et depuis des dizaines d’années un pays tout entier dans la terreur. Il y avait,  et il y a toujours  des démocrates, des féministes, des défenseurs acharnés des droits de l’homme à soutenir de toutes nos forces contre un appareil d’Etat ancien, expérimenté, et implacable. Contre une dictature qui a hébergé des criminels nazis sur son sol dès les années 1950 et a depuis alimenté et financé de nombreux réseaux d’extrême-droite antisémite, le dernier en date étant celui de la mouvance dieudonniste.

La solution en Syrie, aujourd’hui, n’est certes pas aussi simple qu’un baril de bombes à jeter sur quelques milliers de terroristes fanatiques. La dictature d’Assad et Daech se renforcent mutuellement, les crimes de l’un permettent les crimes des autres. Les deux ont les mêmes fins et les mêmes moyens. Il s'agit pour eux de construire ou de perpétuer un Etat totalitaire, en persécutant les minorités, en commettant les pires crimes contre l’humanité, en éradiquant consciencieusement et physiquement toutes les voix qui osent s’élever contre la barbarie.

Depuis quatre ans, la solidarité avec la révolution syrienne est combattue simultanément avec des mensonges jumeaux : d’un côté, ceux qui cachent leur soutien  à Assad derrière  "la lutte contre le terrorisme". Ils cherchent à nous faire croire qu’une prétendue « guerre des civilisations » nécessiterait l’alliance avec un dictateur décrété « laïque » seul à même de contenir le « danger islamiste ». De l’autre, ceux qui motivent le même soutien à Assad au nom de la lutte contre l’ « impérialisme occidental ». Ils prétendent que tout soutien concret aux démocrates syriens,toute réaction de la communauté internationale contre le dictateur serait forcément au service des intérêts économiques des gouvernements occidentaux.

Les auteurs de ces mensonges sont présents dans tout le champ politique . Nous avons d’un côté Ménard maire de Béziers qui inaugurait dès cet automne les visites officielles d’élus aux dignitaires du régime syrien. Il a été suivi depuis  par plusieurs députés de l’UMP et du PS. De l’autre Dieudonné, Soral et leur mouvance, mais aussi une partie du Front de Gauche qui n’a pas hésité à manifester aux côtés de l’extrême-droite « contre la guerre impérialiste en Syrie » au moment où Assad venait d’utiliser l’arme chimique contre les civils syriens.

Depuis quatre ans, ces mensonges ont empêché le développement du soutien aux démocrates syriens, eux que les propagandistes des deux camps assassinent une deuxième fois en niant leur existence.

L’islamophobie et l’antisémitisme qui grandissent dans notre pays ont contribué à populariser ces mensonges. Pour beaucoup, il n’y avait que des « barbares islamistes » à défendre en Syrie, et pour beaucoup d’autres, l’opposition à Assad ne représentait qu’une manoeuvre du "grand complot sioniste". Et puis de toute façon la Syrie, c’était loin, et les Français avaient d’autres chats à fouetter. Jusqu’à ce que la Syrie, ce soit ici. Jusqu’à ce que les marées du sang versé par le dictateur et ses alter-ego de Daech nous engloutissent à notre tour.

C'est alors que nous nous sommes retrouvés pris au piège des renoncements que nous dénonçons. Depuis quatre ans, en laissant commettre le massacre de la révolution syrienne, les Etats ont montré leur indifférence au respect de la vie humaine. Aujourd’hui les bourreaux ricanants de Daech nous renvoient en pleine face notre indifférence : lorsqu’ils mettent en scène leurs crimes atroces, ils nous rappellent qu’ils n’ont pas peur de notre réaction, car nous nous ne sommes pas mobilisés face à tant d’autres crimes atroces commis par Assad. Et que nous voulions l’admettre ou non, nos appels à la solidarité de tous les démocrates, de tous les défenseurs des droits humains, nous les lançons aussi devant les tombes de démocrates et de défenseurs de droits humains qu'on a laissé mourir seuls.

Nous pouvons continuer comme ça, ou décider d’être un autre "nous" : celui de l’espoir, de la lutte contre toutes les dictatures, celle d’Assad et de l’Etat Islamique.

Ce samedi, dans le monde entier, auront lieu des manifestations de solidarité avec la révolution syrienne, pour que cesse le flot de sang déversé sur toute une population qui a eu le courage de se révolter.

Samedi et tous les autres jours #NousSommesSyriens, pour l’espoir, pour la démocratie et pour la vie.

MEMORIAL 98

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