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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 00:15

 

Benoît XVI promeut des catholiques intégristes et antisémites.

                                      Manifestation intégriste contre une pièce de théâtre

Au troisième jour de sa visite en France, le pape Benoît XVI rappelé aux évêques les dogmes contre la "permissivité morale" et leur a suggéré une ouverture vers les catholiques traditionalistes, souvent proches des idées de l'extrême droite.  
Lors d'une rencontre à huis clos avec les évêques, le chef de l'Eglise catholique a précisé ses vues sur les questions de société. Il a souhaité une "pacification des esprits" avec les traditionalistes. "Nul n'est de trop dans l'Eglise. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui et jamais rejeté", a-t-il déclaré, selon le texte de son intervention transmise à la presse.
Cette prise de position confirme l'orientation « restaurationniste » et réactionnaire  qu'il entend donner à son pontificat et pour laquelle il a été choisi.
Quand il était cardinal Ratzinger, Benoît XVI estimait déjà que le concile  "Vatican II" n'était qu'une parenthèse.
 
Il a ouvert la porte de la hiérarchie de l'Église à des intégristes membres de la "Légion du Christ", de "l'Opus Dei" et à des traditionalistes.
Les groupes intégristes qui ont été réintégrés récemment dans l'Eglise  se sentent encouragés en raison des gestes papaux à leur égard .
La remise à l'honneur de la messe en latin qui comprend notamment une prière pour "la conversion des Juifs", supprimée  lors du concile Vatican II en raison de sa connotation antisémite, et l'appui à Radio Maryja en Pologne en constituent des signes éloquents.
 
Une cérémonie fin Septembre 2007 dans l'église Saint-Eloi de Bordeaux a illustré ce climat. Cette église a été attribuée en janvier 2002 par Alain Juppé  à une association de la "Fraternité Saint Pie X", dirigée à Bordeaux par l'abbé Laguérie, disciple de Mgr Lefebvre. C'est d'ailleurs dans ce lieu que s'est déroulé récemment le baptême de la fille de Dieudonné dont le parrain est Le Pen (voir notre article précédent Le Pen et Dieudonné: la grande famille des antisémites. )
 
Les intégristes y fêtaient le premier anniversaire de la reconnaissance par le Vatican de  leur "Institut du Bon Pasteur"  et l'ordination de nouveaux prêtres issus de ce cursus. Dans son discours, le cardinal romain Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei, chargée à Rome du rapprochement avec les traditionalistes, envoyé par Benoît XVI pour célébrer la messe d'ordination, enfonce le clou : "Si l'Institut du Bon Pasteur reçoit cinq nouveaux prêtres, c'est toute l'Eglise catholique qui les reçoit."
Aussi présent  Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, reconnaît avoir facilité l'implantation de l'Institut à Bordeaux.
 
Les héros du jour sont les curés intégristes qui dirigent ce lieu:   Guillaume de Tanoüarn et Philippe Laguérie. 
En 2003, l'abbé Guillaume de Tanoüarn, est condamné pour provocation à la haine raciale. Il est déjà prêtre, mais aussi directeur de la publication de la revue « Pacte »,  Laguérie étant membre de son comité de rédaction. La revue a publié un article d'un certain Rousseau, selon lequel les « Maghrébins » sont des «benladenistes en herbe» ; les «Arabes envahissent Lutèce, Lugdunum ou Phocée, c'est la France qu'ils menacent d'étrangler», les Juifs sont des «financiers transnationaux». Il existe une «solidarité foncière entre ces deux mondes», une «collusion d'intérêts» pour affaiblir la France.
Laguérie est ouvertement antisémite. En 1987, il déclare à Libération : «Depuis quarante-cinq ans, ils (les Juifs) tiennent la France en dictature, ils contrôlent les médias et la banque...»
En juillet 1996, Laguérie célèbre les obsèques du milicien Paul Touvier qu'il décrit comme «une âme délicate, sensible et nuancée».
Dans son homélie funèbre, l'abbé qui se présente alors comme «l'avocat de Paul Touvier auprès de Dieu», déclare : «... (devant) le tribunal divin, il n'y a pas de médias ni de coups médiatiques, pas de communistes, pas de franc-maçonnerie, pas de partie civile et pas de Licra [Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, ]... »
 
Le pape soutient aussi les antisémites polonais
 
Benoît XVI a, pendant l'été 2007, reçu à sa résidence de Castel Gondolfo le directeur de la radio antisémite polonaise Radio Marya (voir nos articles précédents dont Pologne: le gouvernment et les evêques pour la radio antisémite ) et l'a publiquement félicité pour "l'ensemble de son activité".
 Il apporte ainsi un soutien marqué  au père  Rydzyk qui s'illustre par ses diatribes antisémites, homophobes, anti-IVG et xénophobes.
 
 
Le pape ne néglige pas la dénonciation de l'Islam.  Ainsi lors de son fameux discours de Ratisbonne en 2006 il avait cité un auteur byzantin: « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines... »
Sans doute avait-il préparé ce discours en recevant en Septembre 2005, Oriana Fallaci, propagandiste de la dénonciation des musulmans.  A la mort de cette dernière, le cardinal Ruini, bras droit du pape en Italie en tant que président de la conférence épiscopale, avait rendu hommage à son "courage", sa "force morale" et son "engagement".

A la mort du précédent pape, Jean Paul II, la haute hiérarchie de l'Eglise  a fait le choix d'un pape déterminé à mener le combat du retour vers la tradition autoritaire du catholicisme. Elle n'a pas hésité pour cela à élire celui des cardinaux qui avait été membre des Jeunesses hitlériennes.

MEMORIAL 98
 
 
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3 septembre 2008 3 03 /09 /septembre /2008 22:18
L'UMP blanchit Charles Millon, complice du Front National 

Mise à jour du 21 mars 2018 : malgré sa désignation par l'UMP, Charles Millon a été battu à l'époque lors des élections sénatoriales. C'était une bonne nouvelle qui n'enlevait rien au scandale de sa désignation. 
 
Vingt ans après, Millon grenouille toujours pour une alliance de LR et du FN. Il a été rejoint récemment par Thierry Mariani, ancien ministre de Sarkozy, haut-parleur de Poutine et soutien acharné de Bachar El Assad, qui reprend le flambeau de l'alliance de la droite avec le FN.
 
 
MEMORIAL 98
Après une parodie de « primaire » qui a consisté à multiplier les candidatures pour garantir que Charles Millon en sorte gagnant, celui-ci sera élu sénateur de l'Ain lors du prochain scrutin, avec le soutien de l'UMP. Avec lui reviendra au grand jour le spectre de l'alliance entre la droite et le FN 
Millon, proche de milieux catholiques intégristes et ancien ministre de la défense de Chirac et Juppé, s'est en effet rendu célèbre en se faisant élire président de la région Rhône-Alpes en Mars 1998, grâce à une alliance ouverte avec le Front National.
Son allié et compère frontiste était Bruno Gollnisch, déjà négationniste  et condamné plus tard à une peine de prison pour ses déclarations sur les chambres à gaz, toujours candidat à la succession de Le Pen.
Un autre pilier de l'alliance était Pierre Vial, fasciste et antisémite avéré, animateur du courant dit « païen » du FN, qui fut nommé vice-président de la commission culture du conseil régional.
Face au choc provoqué par les alliances entre la droite et le FN dans cinq régions, la résistance s'organisa, notamment contre Millon.
Pendant des mois, des dizaines de manifestations se déroulèrent à Lyon et dans toute la région.
Ainsi à Izieu, dans l'Ain dont il était à l'époque député, Charles Millon fut conspué le 19 juillet 1998, devant la stèle qui commémore le sort  de 44 enfants et 7 adultes juifs raflés dans ce village et morts pour la plupart en 1944 à Auschwitz. La présidente régionale de l'Amicale des déportés d'Auschwitz, Simone Lagrange, déportée à treize ans, demanda publiquement à  Millon de se retirer de cette commémoration en raison de son alliance avec un parti raciste et négationniste. Celui-ci ne partit qu'à la fin de la cérémonie, bafouant ainsi la mémoire des disparus, des survivants et de leurs familles.
Fin novembre 1998, il fut d'ailleurs  exclu de l'association du mémorial des enfants d'Izieu alors qu'il était, de par ses fonctions, membre de droit de sa direction.
Millon ne fut jamais maltraité par la droite qui tenta jusqu'au bout de sauver son emprise sur le conseil régional (voir notre article précédent 
Devedjian copie les insultes du Front national   qui comporte un récit plus détaillé de cette période et des ultimes tentatives de Sarkozy et Séguin pour sauver l'alliance entre la droite et le FN )
Après sa défaite en 1999, il fût nommé par Chirac ambassadeur à la FAO, acquérant au passage le statut de diplomate.

 
Dix ans plus tard, Millon et son groupe n'ont en rien modifié leurs conceptions de l'époque. Ils n'ont jamais exprimé le moindre regret à propos de leur alliance avec le Front National. Bien au contraire, Millon lui même se sent conforté par la victoire de Sarkozy, acquise avec les voix du FN, et la commente ainsi: « Nicolas Sarkozy a réussi là où j'avais échoué. J'avais dix ans d'avance, c'est tout... » ( journal La Croix du 2/11/07).
 
Lors des élections municipales de 2008 à Lyon le tête de liste UMP et ancien ministre Perben s'est allié avec les millonistes (voir notre article précédent Lyon: l'UMP avec les amis de Gollnisch )
 
Une nouvelle étape est maintenant franchie par la réintégration sénatoriale de celui qui restera marqué par son pacte avec le Front National.

MEMORIAL 98
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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 22:57

Dossier débuté en 2008 lors de la première victoire de la droite dure de Berlusconi et Bossi de la Lega et poursuivi à ce jour.

26 septembre 2022

Après la victoire électorale de l'extrême-droite Meloni et Salvini ( ce dernier en chute importante de suffrages) alliés de #Berlusconi,  nous affirmons notre solidarité avec les #antifascistes italien-nes et tous-tes  ceux et celles menacé-es directement par cette coalition: migrants et exilés, femmes avec notamment la menace sur le droit à l'IVG, LGBT constamment stigmatisés par Meloni.

La réaction d'Emmanuel Macron est choquante. Il déclare "vouloir continuer en Européens avec le nouveau gouvernement" c'est à dire avec ceux qui veulent "un blocus naval" des frontières italiennes voire une " mission militaire européenne" pour bloquer les migrants venant de Tunisie ou de Libye. Macron s'aligne ainsi sur Mario Draghi, premier ministre sortant, à la tête d'un gouvernement d'"union nationale" qui manifeste une sympathie complaisante à l'égard de Meloni 

 Plus que jamais nous aspirons à la construction d'un grand front #antifasciste européen s'opposant à l'avancée de l'extrême-droite de la Suède à l'Italie et de l'Espagne à la Russie

Memorial 98

25 avril 2020

 Le 25 avril est la fête nationale italienne, en souvenir du soulèvement de la résistance contre  le fascisme, il y a 75 ans. Cette année, les cérémonies seront virtuelles comme pour d'autres commémorations du mois d'avril dont les génocides des Tutsi le 7 avril ( voir ici ) des Arméniens le 24 avril ( voir ici)  et de la révolte du Ghetto de Varsovie le 19 avril ( voir ici)

Le 25 avril 1945, la résistance lançait une offensive générale qui permit de libérer Milan et Turin de l’occupant nazi et du contrôle de ses alliés fascistes, alors que les forces alliées avançaient dans la plaine du Pô. L’Italie étaient réunifiée. Depuis la chute du régime de Mussolini, le 25 juillet 1943, l’Italie était coupée en deux : un régime sous gestion anglo-américaine au Sud et un état fantoche replié sur la localité de Salò, dirigé par les fascistes les plus radicaux rassemblée autour du Duce, sous la tutelle de l’Allemagne nazie qui avait envahi le nord de l’Italie. Le 25 avril est donc fêté comme une libération à la fois du fascisme et du nazisme par toute l’Italie.

Chaque année, la commémoration du 25 avril est sujette à polémique. Depuis quelques années, elle fait l’objet d’attaques de la part de la droite et de l’extrême droite. ses dirigeants voudraient effacer ce souvenir qui à leurs yeux valorise trop le combat de la gauche contre le fascisme, pour le remplacer par une commémoration du 18 avril 1948, premier scrutin démocratique de l’Italie et de la victoire électorale de la Démocratie chrétienne face à la gauche de l'époque. Ainsi Berlusconi, en quinze années de vie politique et deux mandats de premier ministre, n'a jamais pris part aux commémorations de la fête nationale italienne ( voir ci-dessous).

Avec les antifascistes d'Italie nous chantons à nouveau le chant symbole Bella Ciao

Les paroles de Bella ciao
 
«Una mattina mi son svegliato, oh bella, ciao! bella, ciao! bella, ciao, ciao, ciao! Una mattina mi son svegliato e ho trovato l’invasor.
O partigiano, portami via, o bella, ciao! bella, ciao! bella, ciao, ciao, ciao! O partigiano, portami via, ché mi sento di morir.
E se io muoio da partigiano, o bella, ciao! bella, ciao! bella, ciao, ciao, ciao! E se io muoio da partigiano, tu mi devi seppellir.
E seppellire lassù in montagna, o bella, ciao! bella, ciao! bella, ciao, ciao, ciao! E seppellire lassù in montagna sotto l’ombra di un bel fior.
E le genti che passeranno o bella, ciao! bella, ciao! bella, ciao, ciao, ciao! E le genti che passeranno Ti diranno «Che bel fior!»
«È questo il fiore del partigiano», o bella, ciao! bella, ciao! bella, ciao, ciao, ciao! «È questo il fiore del partigiano morto per la libertà!»

MEMORIAL 98

 

Il est accusé par un tribunal de Catane, en Sicile, « d’abus de pouvoir et de séquestration de personnes » pour avoir bloqué l’été dernier, durant plusieurs jours, 116 migrants à bord d’un navire des gardes-côtes italiens, le Gregoretti. Quelques dizaines de migrants avaient pu être évacués pour raisons médicales, mais les autres étaient restés sur le navire près d’une semaine, faute d’autorisation de débarquer. Salvini était alors ministre de l’intérieur d’un gouvernement formé par la Ligue (son parti) et les anti-establishment du Mouvement 5 étoiles (M5S).

Les soucis de Salvini ne s’arrêtent pas à l’affaire du Gregoretti. Une Commission du Sénat devra statuer, le 27 février, sur une autre demande de renvoi en justice concernant cette fois le navire humanitaire Open Arms, bloqué mi-août 2019 pendant plusieurs jours devant l’île de Lampedusa, sur ordre de Matteo Salvini.

Une peine d’inéligibilité de six à huit ans encourue

Même après son renvoi devant le tribunal des ministres, une juridiction spéciale composée de trois magistrats expérimentés de Catane, Matteo Salvini devra probablement attendre des années pour être fixé sur son sort, compte tenu de la lenteur de la justice italienne, et des possibilités de recours.

En cas de condamnation définitive, c’est-à-dire en dernière instance par la Cour de cassation, le patron de la Ligue encourt aussi une peine d’inéligibilité de six à huit ans.

MEMORIAL 98

 

Excellente nouvelle: Salvini est battu lors des élections régionales d’Emilie-Romagne. Il s’était personnellement impliqué dans cette campagne et comptait sur une victoire pour être en position de force au niveau national et exiger des élections générales.

 
La forte affluence aux urnes est une conséquence directe et positive de la dynamique anti-fasciste créée par la mobilisation des Sardine. Ce mouvement de jeunes, né dans cette même région il y a deux mois, est vite devenu un symbole national de la protestation de masse contre l’extrême droite. Les dizaines de manifestations qui se sont déroulées dans toutes les villes de la région ont fortement contribué à la défaite de la Lega et de ses alliés.
 
Vive les Sardine!
 
Memorial 98

28 Novembre

Le mouvement des Sardine ( sardines) s'étend : après Bologne, Modène, Rimini, à Gênes ce sont 8000 "sardines" anti-fascistes  qui se rassemblent contre Salvini et la haine raciste et entonnent le chant des partisans Bella Ciao 

 voir https://video.repubblica.it/dossier/sardine/genova-8000-sardine-in-piazza-cantano-bella-ciao-e-de-andre-prima-la-solidarieta/349047/349629?ref=twhv

Memorial 98

 

9 aout 2019

Ivre de pouvoir, Salvini veut gouverner seul sur une orientation d'extrême-droite. Il appelle à de nouvelles élections afin de se débarrasser de ses acolytes du M5S.

Au même moment le pape François dénonce "des discours qui ressemblent à ceux d'Hitler".

 

Sans nommer personne, il évoque "des pensées qui font peur.”  François a fustigé le souverainisme, une attitude de “fermeture” qui “mène à la guerre”, dans un entretien publié vendredi par La Stampa, au beau milieu d’une crise politique déclenchée en Italie par le leader d’extrême droite Matteo Salvini.

“Le souverainisme est une attitude d’isolement. Je suis préoccupé parce qu’on entend des discours qui ressemblent à ceux d’Hitler en 1934. ‘Nous d’abord. Nous...nous’: ce sont des pensées qui font peur”, a souligné le souverain pontife dans l’interview au quotidien turinois, sans évoquer de nom ni de pays en particulier.

L’homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini, chef de la Ligue, a fait éclater jeudi la coalition au pouvoir dans laquelle il était allié au Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), provoquant une crise politique. En cas d’élections anticipées à l’automne, il devrait concourir seul et les sondages lui prédisent une large victoire avec l’appoint du parti post-fasciste Fratelli d’Italia.

“Ce suffixe en ‘isme’ ne fait jamais du bien”

Matteo Salvini, qui se dit ami du dirigeant hongrois Viktor Orban et de la cheffe de l’extrême droite française Marine Le Pen, revendique appartenir à un “front souverainiste” dont le but est de “chasser les oligarques européens”.

“Un pays doit être souverain, mais pas fermé. La souveraineté doit être défendue, mais les rapports avec d’autres pays, avec la Communauté européenne, doivent également être défendus. Le souverainisme est une exagération qui finit toujours mal: elle mène à la guerre”, a ajouté le pape.

Interrogé sur “le populisme”, il a estimé qu’il s’agissait “du même discours”. “Les populismes nous mènent aux souverainismes: ce suffixe en ‘isme’ ne fait jamais du bien”, a-t-il asséné.

Réagissant dans un tweet, Marine Le Pen a jugé cette phrase “affligeante”: “quid du catholicisme et du christianisme à ses yeux?!”, fait mine de s'  interroger l'alliée du fasciste italien..

La situation d'instabilité et de crise va donc s'approfondir en Italie et conduire à des bouleversements de grande amplitude. La priorité est plus que jamais de battre Salvini et sa ligne raciste.

Memorial 98

11 juillet 2019 « Catholique intégriste hostile aux droits des homosexuels et à l’avortement, Lorenzo Fontana est promu ministre des affaires européennes.  

En mai 2017, au congrès de la Lega, il avait lancé : «Nous sommes contre l’Europe de la franc-maçonnerie, contre l’Europe de la finance, contre l’Europe des Soros».

Jusqu’à son entrée au gouvernement, en juin 2018, il était le numéro 2 de la mairie de Vérone – celle-là même qui, a l’automne 2018, s’est déclarée comme la première « ville pro-Life » d’Italie. Le jour de son entrée en fonctions au ministère des affaires familiales, il a annoncé la couleur, en assénant que « les familles homosexuelles n’existent pas ».
 
 
 
 

 

 

 Mise à jour du 7 mai 2019

Une fois de plus Salvini met ses pas dans ceux de Mussolini. Il a choisi de prendre la parole sur le balcon où le dictateur avait tenu des meetings fascistes  le vendredi 3 mai, dans la ville de Forli, en Emilie-Romagne  

 

 C'est depuis ce même balcon de l'Hôtel de ville de Forli que Mussolini avait assisté à la pendaison aux réverbères de la ville de de jeunes antifascistes lorsque le "Duce" avait tenu plusieurs rassemblements dans la commune. Matteo Salvini en a donc profité pour faire un discours depuis le même balcon. Le lendemain, il enfonçait le clou en twittant une photo avec ce commentaire : "Un spectacle la nuit dernière" 

Mise à jour du 8 janvier 2019

 

Salvini et son compère Di Maio prétendent défendre le mouvement des Gilets Jaunes en France. C'est de la pure démagogie car les mêmes gardent le silence sur les manifestations en Hongrie contre la loi "esclavagiste" de leur acolyte et allié Orban. Ce texte permet aux entreprises d’imposer davantage d’heures supplémentaires et de les payer trois ans plus tard. Dans ces manifestations figurent également des Gilets Jaunes, comme on peut le voir ci-dessous. 

 

 

 Mise à jour du 3 janvier 2019 

L'année débute par une révolte contre Salvini.

Un texte "inhumain" et "criminogène": plusieurs maires de grandes villes italiennes refusent d'appliquer le décret-loi anti-immigration du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, à commencer par le maire de Palerme ( ci-dessus) qui a pris la tête de cette fronde contre le patron de l'extrême droite.

"C'est un texte inhumain parce qu'il viole les droits de l'Homme, et criminogène parce qu'il transforme en illégaux des personnes qui se trouvent légitimement sur notre territoire", a déclaré jeudi 3 janvier Leoluca Orlando, maire de gauche de Palerme (Sicile), après avoir annoncé qu'il suspendait l'application du décret-loi Sécurité et immigration "pour ce qui relève des compétences des communes".

Il conteste en particulier la mesure qui interdit l'obtention du droit de résidence à une personne disposant d'un permis de séjour sur le territoire. Elle prive les mairies de la possibilité de délivrer une carte d'identité ou une inscription au "service sanitaire national", cette dernière étant obligatoire pour accéder aux prestations de santé comme le médecin généraliste.

La réplique de Salvini est à la mesure du personnage:  "Tu veux désobéir ? Je ne t'envoie pas l'armée", a-t-il répondu dans une vidéo postée sur Facebook.

"Certains maires regrettent les temps passés de l'immigration, mais pour eux aussi la belle vie c'est fini", a ajouté le ministre et chef de la Ligue (extrême droite), reprenant la formule  qu'il avait adressée cet été aux ONG sauvant les migrants en Méditerranée, après leur avoir interdit l'accès aux ports italiens.

"Il ne s'agit pas de désobéissance civile, ni d'objection de conscience, mais de la simple application des droits constitutionnels à tous ceux qui vivent dans notre pays", explique Orlando.

Salvini a fait adopter en novembre un décret-loi controversé qui a fortement durci la politique de l'Italie en matière d'immigration.

La principale mesure du texte abolit les permis de séjour humanitaires jusqu'à présent accordés aux personnes vulnérables, familles ou femmes seules avec enfants, victimes de traumatismes pendant leur périple vers l'Italie.

"Ca pue la loi raciale"

En six mois de pouvoir en Italie, la Ligue de  Salvini a obtenu un quasi-blocage des arrivées de migrants mais des experts redoutent que ses mesures augmentent le nombre et la marginalisation des clandestins et, en conséquence, fasse croître l'insécurité dans la péninsule.

Plusieurs élus ont emboîté le pas de leur collègue sicilien, parmi lesquels les maires de gauche de Naples et de Florence mais aussi le maire de Parme, Federico Pizzarotti, dissident du Mouvement 5 Etoiles (M5S), le parti qui forme avec la Ligue la coalition au pouvoir en Italie.

Les maires d'autres villes soutenant le gouvernement comme ceux de Venise, Gênes et Vérone (nord) ont  signé une lettre de soutien au ministre affirmant que "le décret Sécurité contient des règles justes et compréhensibles".

Il est aussi question d'engager la bataille sur le terrain judiciaire, le maire de Palerme ayant annoncé son intention de saisir un juge pour que soit évaluée la constitutionnalité de la loi adoptée cet automne par la Parlement à majorité Ligue-M5S.

"On ne peut pas enlever des droits à des citoyens en règle avec la loi simplement pour faire passer pour de la sécurité une intervention qui pue la loi raciale", a encore dénoncé jeudi Leoluca Orlando sur Twitter en diffusant une page internet du quotidien de droite "Il Giornale" datant de 2016.

Sur cette dernière, Matteo Salvini invitait les maires de la Ligue à désobéir à la loi sur les unions civiles, qui venait d'être adoptée pour les couples, qu'ils soient ou non de même sexe.

 

 

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Mise à jour du 12 septembre 2018 

Samedi 8 septembre, la cérémonie de clôture de la Mostra, le grand festival de cinéma de Venise, a été le théâtre d'un incident commenté jusqu'au sommet de l'État.

Ottavia Piccolo, une actrice connue en Italie, prix d'interprétation à Cannes en 1970 et doublure de la princesse Leia dans La guerre des étoiles, se présente à l'entrée du festival auquel elle est invitée. Trois policiers lui bloquent alors le passage en lui disant : "Vous ne pouvez pas entrer avec ce foulard", un foulard aux couleurs du drapeau italien, vert, blanc et rouge. En Italie, le porter autour du cou est un signe de ralliement d'un mouvement antifasciste très respecté , l'association ANPI.

Il s'agit d'un mouvement célèbre en Italie, fondé en résistance à Mussolini à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ottavia Piccolo est effectivement une actrice engagée, qui venait de participer à un rassemblement de l'ANPI pour défendre les "travailleurs pauvres." L'actrice s'insurge et finit par rentrer dans le palais après l'intervention d'un supérieur. 

Un incident qui a pris une tournure politique

Un député du Parti démocrate, le mouvement de l’ancien président du conseil Matteo Renzi, a demandé des explications au ministre de l’Intérieur Matteo Salvin en lui demandant s'il a donné des consignes à la police pour s’en prendre aux mouvements antifascistes. 

Rappelons que Salvini est le leader de la Ligue, le principal parti d’extrême droite italien. Le ministre de l'Intérieur n'a pas répondu et seul le parquet a fait savoir que, de son point de vue, il n'y a pas lieu d'ouvrir une enquête. Le plus probable, c’est que les trois policiers en question n’avaient pas reçu d’ordre explicite. Cela en dit toutefois long sur le climat politique en Italie, dès l’instant où certains membres des forces de l’ordre commencent à s’autoriser ce genre d’attitude.

"Le crime était d'être fasciste, pas d'être résistant au fascisme"

Il est possible de parler d'une résurgence de la parole fasciste en Italie. Matteo Salvini n’hésite plus à adopter publiquement les postures de Mussolini, les mains sur les hanches, voire à utiliser des citations de l’ancien leader fasciste.
Et surtout, depuis le début de l’été, on assiste à un accroissement des faits divers racistes : agression d’un homme marocain à Aprilia, près de Rome; tabassage d’un jeune sénégalais en Sicile aux cris de "sale nègre"; attaque contre une athlète d’origine nigériane dans le Piémont, au nord du pays...

Le principal syndicat italien, la CGIL (Confédération générale italienne du travail), se dit très inquiet face à ce "climat de haine." À ce sujet, un internaute a publié cette formule sur Twitter : "la dernière fois que j’ai lu la Constitution italienne, il était considéré que le crime était d’être fasciste, pas d’être résistant au fascisme."

Mise à jour du 26 aout 2018: Salvini poursuivi par la justice italienne pour " séquestration et abus de pouvoir" à propos des migrants retenus sur ses ordres sur le bateau Diciotti. 
Mise à jour du 1er aout
Salvini revendique ouvertement son héritage fasciste en postant sur les réseaux sociaux un message paraphrasant une inscription que Mussolini avait fait graver en 1932 sur son obélisque près de Rome et qui représentait un de ses slogans : « Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur. » Pour bien marquer sa continuité, Salvini a diffusé ce message à la veille de l'anniversaire de Mussolini, le 30 juillet. Cette provocation entraîne évidemment de nombreuses protestations mais l'alliance avec le mouvement M5S ( 5 étoiles) n'est pas rompue, pour l'instant

Memorial 98

Mise à jour du 31 juillet 2018
Multiplication des attaques racistes; Salvini alimente un climat d’intolérance et de violence. 

L’agression d’une athlète italienne d’origine nigériane, près de Turin, provoque de vives protestations. Alors qu'elle se trouvait dans la rue dans son village du Piémont, la discobole  Daisy Osakue a été victime d'une agression de la part d'automobilistes qui lui ont jeté des oeufs, dont un arrivant frappant son oeil . Une agression qui pourrait être liée à du racisme selon elle, interrogée par La Gazzetta dello Sport : «Dans cette zone, il y a des prostituées noires. Ces lâches pensaient que j'étais une de ces filles qui ne les dénonceraient pas. Une personne devrait être libre de marcher dans la rue sans que personne l'attaque.» 

 

 

Pour l’opposition de gauche, l’actuel ministre de l’intérieur est le principal responsable de cette explosion de violence. « Salvini alimente ce climat d’intolérance et de racisme rampant dans le silence assourdissant du premier ministre Conte », accuse ainsi le député Federico Fornaro (LeU, dissident du PD).

 

 

Salvini se défend en rajoutant une louche de xénophobie:  « Il y aurait un climat raciste en Italie ? Ne disons pas de bêtises, a-t-il lancé  avant de rejeter la faute sur ses adversaires politiques. Chaque agression doit être punie et condamnée, mais l’immigration de masse permise par la gauche ces dernières années n’aide pas. » Une rhétorique habituelle au moins depuis l’attentat de Macerata, le 3 février dernier : ce jour-là, un militant de la Ligue avait ouvert le feu au hasard sur des migrants, blessant six personnes. Le dirigeant de la Ligue avait rapidement accusé le gouvernement Gentiloni de centre gauche alors au pouvoir  d’être le véritable responsable des violences, à cause de sa politique migratoire trop "laxiste". La même réthorique avait déjà servi lors de l'assassinat de Emmanuel Chidi Namdi par un fasciste en 2016

 

Six mois plus tard, Matteo Salvini est au pouvoir, et les attaques se multiplient. Depuis début juin et le meurtre du militant syndical Soumaïla Sacko, à San Calogero (Calabre), au moins dix cas dans lesquels des Italiens ont ouvert le feu sur des étrangers ont été rapportés. Dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 juillet, dans la province de Latina (environs de Rome), un Marocain est mort dans un accident de voiture. Il cherchait à échapper à des habitants qui l’avaient pris en chasse, persuadés – à tort – de tenir un voleur.

 

Du côté du Mouvement 5 étoiles, allié de la Ligue au sein du gouvernement, cette multiplication d’attaques nourrit un certain malaise chez une partie de ses responsables. Ainsi dans les réactions embarrassées du président de la Chambre des députés, Roberto Fico, qui a assuré lundi que « le racisme doit être combattu, toujours », tout en niant le fait que le phénomène soit en augmentation, ou du secrétaire d’Etat à l’éducation Lorenzo Fioramonti, invitant les responsables politiques à « mesurer leurs paroles », afin d’éviter que certains se sentent dédouanés et passent à l’acte. Le vice-premier ministre et chef de file du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, a en revanche affiché son soutien à son partenaire de coalition : « Il n’y a pas de montée du racisme, on cherche juste à attaquer Salvini. »

 

En Grande-Bretagne également la campagne raciste du Brexit avait provoqué une explosion des agressions de ce type

 

Memorial 98

 

Mise à jour du 26 juillet 2018

 

Dix ans après son alerte d'août 2008 sur le "danger fasciste" (voir ci-dessous)  la Une du grand l'hebdomadaire catholique italien "Famiglia Cristiana"  lance cette semaine un retentissant  "Vade retro Salvini" , résumant par cette formule religieuse et polémique le sentiment de courants de l'Eglise face au discours hostile aux migrants du ministre de l'Intérieur.

 

"Urgence migrants: La conférence des évêques, les évêques individuellement, les initiatives des religieux: l'Eglise réagit au ton agressif du ministre de l'Intérieur. "Rien de personnel ou d'idéologique, il s'agit de l'Evangile", explique le magazine sur sa "Une" ci-dessus.

Une couverture que l'intéressé, le chef de file de l'extrême droite italienne qui brandit régulièrement un rosaire ou la Bible lorsqu'il est en campagne, s'est empressé de dénoncer sur les réseaux sociaux. "Famiglia Cristiana me traite carrément de Satan. Je ne prétends pas donner de leçons à quiconque, je suis le dernier des bons chrétiens, mais je ne pense pas mériter ça", a-t-il écrit. "Je suis conforté par le fait que je reçoive quotidiennement le soutien de tant d'hommes d'Eglise", a-t-il ajouté.

 

Pourtant, si le ministre jouit effectivement de nombreux soutiens et d'un taux de popularité approchant les 50%, il y a également de nombreuses voix  dissonantes dont celles de personnes qui se réclament du catholicisme. Il y a deux semaines, des prêtres et des religieuses avaient manifesté devant la Chambre des députés contre la fermeture des ports aux bateaux ayant secouru des migrants. La semaine dernière, la Conférence des évêques d'Italie a diffusé un communiqué au vitriol sur les tragédies en mer: "Nous n'avons pas la prétention d'offrir des solutions bon marché. Mais (...) nous prévenons sans équivoque que pour sauver notre humanité de la vulgarité et de la barbarie, nous devons protéger la vie. Chaque vie".

Le pape François a lui aussi évoqué les récents naufrages au large de la Libye et lancé un nouvel appel à la communauté internationale à "garantir la sécurité, le respect des droits et la dignité de tous"

Salvini a, en réaction, cité l'article 2241 du catéchisme de l'Eglise catholique, dans lequel il est écrit que "les nations mieux pourvues sont tenues d'accueillir AUTANT QUE FAIRE SE PEUT l'étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu'il ne peut trouver dans son pays d'origine".

C'est un coup dur pour un fasciste qui prétend se battre pour son "credo chrétien" 

Memorial 98
 
 
Mise à jour du 18 juin 2018
 
L'Histoire bégaye ... en pire.
Dix ans après jour pour jour après des décisions équivalentes en 2008 (voir ci-dessous), le gouvernement d'extrême-droite au pouvoir en Italie lance une attaque violente contre les Roms et à Rome on tente de nouveau d'attribuer une rue au fasciste historique Giorgio Almirante.    

Après avoir bloqué les réfugiés de l'Aquarius et annoncé l'expulsion de centaines de milliers de migrants qui doivent selon lui "faire leur valise", ils s'attaquent à de nouvelles cibles. 

Le ministre italien de l'Intérieur et chef de la Lega Salvini ( ci-dessus rendant hommage à son allié et inspirateur Poutine ) a lancé le 18 juin une nouvelle polémique en annonçant le prochain recensement des Roms vivant en Italie, afin d'expulser ceux de nationalité étrangère, et" malheureusement" de garder les Roms italiens.

 Salvini a indiqué sur une télévision régionale en Lombardie qu'il comptait procéder à un recensement de la communauté Rom en Italie, pour "voir qui, comment et combien ils sont". Cela permettra, a-t-il expliqué, d'évaluer la possibilité d'expulser ceux de nationalité étrangère qui se trouveraient en situation irrégulière; quant aux "Roms italiens, malheureusement, tu dois te les garder à la maison". ​​​​​​​

Vers un retour du fascisme italien?
C'est hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana ("Famille chrétienne") qui a lancé le pavé dans la mare.
 
Dans un éditorial du 13 août 2008, ce journal, vendu à plus d'un million d'exemplaires par abonnement et dans les paroisses, s'interroge : "Espérons que les soupçons d'une renaissance du fascisme, en Italie, sous d'autres formes se révéleront infondés."


Les campagnes électorales d'avril dernier et la victoire d'une droite dure se sont en effet immédiatement traduites par une vaste offensive xénophobe. Les Roms de nationalité italienne ou venant d'autres pays européens ont été désignés comme la source de tous les maux du pays.
 

Cette entreprise incluait une vague de violences contre des camps de Roms, sous l'impulsion notamment de membres de l'extrême droite et d'éléments de la pègre, et de la part du gouvernement une campagne de fichage ethnico-religieux des Roms.
La fiche a été établie à Naples, où le recensement a débuté, avant de s'étendre à Milan et à Rome.

Dans ces trois villes, le gouvernement considère que la présence des Roms « crée des troubles ».
Leurs préfets respectifs ont été nommés commissaires à "l'urgence nomade" puis convoqués au ministère de l'intérieur pour mettre au point les détails de l'opération.
Le fichage comprend, à côté des empreintes digitales et de la photo, des cases "ethnie" et "religion".
Ce fichage a provoqué un tollé dans le pays, et alerté l'Union européenne ainsi que des organisations internationales comme l'Unicef et Amnesty international. Malgré les polémiques, le ministre de l'intérieur Roberto Maroni, à l'origine du projet, déclare ne pas vouloir "reculer d'un millimètre".
Selon ce haut responsable de la Ligue du Nord, "populiste" et xénophobe, le recensement est indispensable pour connaître la situation des camps et des nomades qui vivent en Italie, adultes et enfants. Selon lui, "il ne s'agit pas d'un fichage ethnique", mais d'"une garantie supplémentaire pour la protection des droits des occupants des camps nomades".

Il a dû reculer sur un point: contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps, les empreintes des enfants n'ont pas été relevées. Maroni, qui espérait pouvoir appliquer le fichage aux mineurs, a dénoncé l'"hypocrisie" des réactions à ce sujet. Les empreintes, a-t-il défendu, devaient ainsi servir à vérifier s'ils étaient envoyés mendier par leurs parents. Dans ce cas-là, les enfants auraient pu être retirés à leur famille.


 

En même temps, à Rome  

La décision de baptiser du nom d'un ancien dirigeant fasciste une rue de Rome a été bloquée au dernier moment par la maire M5S de la capitale italienne, Virginia Raggi. Le conseil municipal de Rome avait décidé le 14 juin  de rebaptiser une rue de la ville du nom de Giorgio Almirante, un des fondateurs du Mouvement social italien (MSI), un parti héritier de  Mussolini.

"Aucune rue ne sera dédiée à Giorgio Almirante. Demain, je présenterai un motion signée de mon nom", a affirmé  sur Twitter Mme Raggi. Giorgio Almirante a créé le MSI en décembre 1946, sur les décombres de la république sociale italienne, ou république de Salo, un Etat fantoche créé par Mussolini dans les régions du nord et du centre de l'Italie contrôlées par les nazis. Elu onze fois à la Chambre des députés italienne, de 1946 à 1987, avant sa mort en 1988, il a aussi été pendant la période fasciste éditeur du journal "Défense de la race", dont les premiers numéros coïncident avec les lois raciales contre les juifs votées en 1938 (voir ci-dessous).

Mme Raggi a été élue en 2016 sous la bannière du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), qui avec la Ligue (extrême droite) a remporté les élections législatives en mars, et gouverne désormais le pays. Mais, selon les médias italiens, seul un des 28 conseillers municipaux M5S a voté contre la motion "Almirante" présentée par un autre parti d'extrême droite, Fratelli d'Italia (FdI, Frères d'Italie), non représenté au gouvernement, mais proche de la Ligue. Ce parti, dirigé par Giorgia Meloni, est un des héritiers du MSI fondé par Almirante.

Ce vote a déclenché une vague de critiques à Rome, particulièrement au sein de la communauté juive. "Quelqu'un qui a été l'éditeur de Défense de la race" et "n'a jamais montré le moindre remords ne mérite pas d'avoir une rue à son nom", a indiqué l'organisation représentative de la communauté juive de Rome. La décision de la maire de Rome a en revanche provoqué la colère de Giorgia Meloni, qui a promis de se battre pour obtenir gain de cause, estimant que l'assemblée avait voté en faveur de cette mesure et que s'opposer à sa mise en oeuvre était la preuve d'un comportement "staliniste".

Dix ans après, les fascistes italiens poursuivent les mêmes buts de destruction et de haine. Mais ils agissent maintenant dans un contexte européen et mondial qui leur permet d'aller encore plus loin. Des USA à l'Allemagne et de l'Autriche à la Pologne, l'alerte est généralisée face à la marée brune.

MEMORIAL 98

La conférence épiscopale italienne a fait part de sa "forte préoccupation". L'opposition qualifie le fichage de "raciste".  Amos Luzzatto, ancien président de l'Union des communautés juives, a déclaré que cette décision ravivait en lui le souvenir de ce qu'il a vécu lors de la proclamation des lois raciales de 1938 par Mussolini.
Parallèlement, depuis le 4 août plus de trois mille soldats ont commencé à se déployer dans les principales villes italiennes. Leur champ d'action inclut la lutte contre la criminalité, l'immigration clandestine et la menace terroriste.
Le nouveau gouvernement a aussi donné toute liberté aux maires pour prendre des mesures restreignant les libertés dans leurs villes, produisant ce que l'on appelle maintenant les "maires-shérifs" .

 
 
Avant même le décret autorisant ces dérives locales, le maire de Rome,  Alemanno  avait prohibé les pique-niques sur les places ou près des monuments du centre historique de la capital et surtout tenté d'interdire aux pauvres de fouiller dans les poubelles. Les associations caritatives romaines organisant les soupes populaires, en majorité catholiques, ont immédiatement protesté, Don Ciotti, de l'association Abele a déclaré : « ceux qui font les poubelles doivent avoir une chance de survivre" ; face au scandale, Alemanno a dû reculer.
 
 
Le maire de la capitale est d'ailleurs particulièrement représentatif des dangers de la situation actuelle. Giovanni Alemanno a mené une campagne virulente pour battre son adversaire, Francesco Rutelli, maire et ministre de la Culture sortant, en ciblant ses attaques sur l'insécurité et l'immigration. Il a promis l'expulsion de 20 000 immigrés clandestins ayant eu affaire à la justice.
Cet ex-ministre de l'Agriculture de précédents gouvernements  Berlusconi, est  issu de l'ancien parti MSI, héritier du mouvement fasciste. Il avait participé avec  Fini, au « recentrage »politique d'Alliance Nationale mais il a gardé des liens étroits avec la frange radicale qui maintient l'ancien cours néo-fasciste.
Ainsi c'est tardivement, sous la pression de la communauté juive de Rome, qu'il a été contraint de récuser son alliance avec la Destra (la Droite), une scission du parti de Fini se revendiquant ouvertement du fascisme, dirigée par Francesco Storace, tout en lâchant : «A propos de Storace, les Juifs exagèrent».
Alemanno, surnommé lors de ses années de jeunesse fasciste "il picchiatore " (le "tabasseur"),  avait déjà suscité une vive émotion sur des plateaux de télévision, en exhibant la croix celtique qu'il porte en permanence au cou.
Le même Alemanno a également proposé après son élection de nommer plusieurs rues de la capitale d'après des hommes politiques du siècle dernier, parmi lesquels son mentor Giorgio Almirante, ex-membre de la République sociale de Salo (Etat fasciste du centre et du nord de l'Italie fondé par Mussolini en 1943) et fondateur du néofasciste Mouvement social italien (MSI).
La communauté juive de Rome a vivement critiqué cette initiative en rappelant les collaborations, en 1942, d'Almirante à la revue antisémite "La défense de la race" et  les articles dans lesquels ce dernier affirmait que «le racisme doit être la nourriture de tous [...]. Autrement nous finirons par faire le jeu des métis et des juifs... ». 
 
 
Le président de la communauté juive de Rome a proposé que le nom de son grand-père mort à Auschwitz, Riccardo Pacifici, soit écrit en lieu et place de Giorgio Almirante. Alemanno, n'a pourtant pas abandonné son projet de lui attribuer une rue. Il a simplement concédé «qu'il cherchera une discussion claire afin d'obtenir le consensus de la communauté juive pour consacrer une via Almirante». Avant de rectifier : «Nous n'avons jamais pensé déléguer la question à la communauté juive, c'est moi qui décide.»
Les anciens/nouveaux dirigeants italiens entretiennent indubitablement des rapports troubles avec l'histoire de leur pays.
La République italienne est née en s'opposant au fascisme, sur les cendres de la monarchie fasciste de Vittorio Emmanuele III.
 Il est d'usage commémorer, chaque 25 avril - jour de la fête nationale -, la sortie de cette période totalitaire.
Berlusconi, en quinze années de vie politique et deux mandats de premier ministre, n'a jamais pris part aux commémorations de la fête nationale italienne.
Il a tenu à effectuer, le 25 avril 2008, un geste symbolique: alors que le Président de la République célébrait la victoire des alliés sur les nazis, Berlusconi recevait en consultation officielle dans ses bureaux le sénateur Ciarrapico, qui a fait toute sa campagne électorale sur sa nostalgie pour le régime mussolinien et qui a déclaré haut et fort qu'il n'était aucunement question pour lui de renier le fascisme. Cet homme d'affaires plusieurs fois condamné par la justice, a longtemps dirigé une maison d'édition dont l'activité principale était la publication d'ouvrages fascistes et révisionnistes
Grâce à son appui et aux moyens qu'il a déployé, la majorité de droite compte dans ses rangs Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce et garante de sa "mémoire idéologique et politique". Déjà euro-députée, elle est  remplacée au Parlement européen par le chef des « Naziskins » de Forza Nuova, Roberto Fiore, adorateur proclamé du Duce et de Franco et longtemps exilé en Angleterre pour fuir la justice.
La présence au gouvernement de plusieurs ministres de la Ligue du Nord qui a recours à une thématique de droite très radicale est un élément particulièrement préoccupant pour l'avenir. Il est à noter que ce parti qui s'appuie sur une thématique régionaliste, populiste et xénophobe a conquis des voix dans l'électorat ouvrier d'une gauche en déshérence.
Le rôle joué par le parti Allianza Nazionale (ex MSI) de Fini, issu du néo-fascisme, accentue la coloration extrémiste d'une droite italienne qui cherche à détruire l'indépendance et le statut de la justice.

Ce bloc Berlusconi-Bossi-Fini parviendra-t-il à se stabiliser et à appliquer son programme de destruction des acquis sociaux et démocratiques du pays?

La violence contre les Roms et les immigrés annonce elle d'autres affrontements, de plus grande ampleur?


Memorial 98
 


 

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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 00:16


La communion des antisémites

L'événement est très peu familial et hautement symbolique: Dieudonné fait baptiser sa fille par des curés catholiques intégristes, connus pour leur antisémitisme; le parrain est Jean-Marie Le Pen lui-même.

Démarche à priori ahurissante de la part de Dieudonné qui cherche à se bâtir une image de  "militant laïque combattant contre tous les intégrismes".
C'est le dirigeant du FN lui-même qui en livre l'explication :
"J'ai de l'estime pour Dieudonné, déclare-il, nous nous sommes rapprochés car nous avons des points communs. Nous appartenons tous les deux à la communauté des parias...Nous sommes persécutés de la même manière, à cause de notre liberté de pensée et de notre liberté de parole",
Quels sont donc ces fameux "points communs" du dirigeant d'extrême-droite et du pourfendeur de "la pornographie mémorielle de la Shoah" ?
Le négationnisme et l'antisémitisme.
La cérémonie intégriste bordelaise est ainsi liée à la récente déclaration de Le Pen dans le magazine « Bretons » du mois de mai : "J'ai dit que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale : ça me paraît tellement évident" (voir notre article précédent
Le Pen et le "détail": décryptage )
 

Face à ce scandale renouvelé, la direction du FN est alors embarrassée; Marine Le Pen prend même publiquement ses distances.
Un des rares dirigeants du FN à se porter à l'aide de Le Pen est Alain Soral. Il surenchérit même en écrivant sur son site:
 « ... Monsieur Le Pen a profondément tort, la chambre à gaz est tout sauf un point de détail, c'est même aujourd'hui, plus qu'hier encore, la religion, le dogme autour duquel tourne toute l'époque contemporaine. Dans l'ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la croix du christ...
 Aujourd'hui, dans ce climat de judéomanie délirante - une judéomanie délirante et suspecte qui tient plus de l'esprit de la Collaboration que du combat pour le bien et l'amour des hommes - plus les souffrances de la guerre s'éloignent, plus c'est la seconde guerre mondiale toute entière qui devient un détail de la chambre à gaz !... »
Ce même Soral est aussi le le mentor de Dieudonné, celui qui l'a rapproché du FN et introduit auprès de Le Pen.
C'est cette « communion » qu'ont  voulu marquer  Le Pen et Dieudonné ; ils  en ont soigné la symbolique en choisissant l’Église Saint-Eloi des intégristes antisémites à Bordeaux. L'abbé Laguérie, qui y officie avec la bénédiction du pape Benoît XVI, est l'ancien chef de l'Eglise  Saint Nicolas du Chardonnet à Paris; il s'est notamment illustré par la défense du milicien Touvier et possède donc le profil idéal pour célébrer ces effusions antisémites (voir notre précédent article
Benoît XVI appuye les intégristes antisémites en France )

De plus, Le Pen et Dieudonné communient aussi dans un " principe éducatif" particulier : ils interdisent à leurs enfants de s'informer librement et de lire sur le génocide juif, dont ils contestent la véracité.  Dieudonné se glorifie ainsi d'avoir arraché les pages ayant trait à la Shoah du livre d'histoire de son fils.
Le Pen avait quand à lui interdit à ses enfants de regarder la série télévisée « Holocauste » qui en traitait.
Dieudonné fût aussi un personnage central de la campagne Euro Palestine des européennes de 2004 et du meeting du 6 juin de la même année au cours duquel Soral déjà et Siné s'employèrent à faire siffler et huer des patronymes juifs (voir notre article précédent
Antisémitisme: Siné persiste et récidive ). Ce rituel était directement issu des meetings du FN, au cours desquels Le Pen faisait conspuer le nom de journalistes au patronyme juif.
Il y a un mois à peine Dieudonné avait mis en scène dans son théâtre ses retrouvailles avec Elie Seimoun, son ancien camarade de spectacle. Ce dernier doit aujourd'ui amèrement regretter de s'être prêté à cette escroquerie.
 Au delà des symboles, une question se profile:
Qu'annonce cette officialisation du rapprochement de deux piliers de l'antisémitisme en France ?

A suivre avec attention.

Memorial 98

 

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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 23:19

Antisémitisme : Siné persiste et récidive.

Un violent débat secoue Charlie-Hebdo et la presse en général à propos d’une chronique de Siné parue le 2 juillet dernier et dans laquelle il écrit : 
« … Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il (Jean Sarkozy ) vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »
Chacun peut se faire sa propre opinion en lisant ces lignes.
 
Pour notre part il n’est nul besoin de faire appel à l’exégèse pour noter les poncifs antisémites les plus éculés, mais aussi les plus toxiques contenus dans la juxtaposition des termes choisis par Siné.
Selon lui, Jean Sarkozy "ira loin" car il s'acoquine avec les riches juifs.
Siné se défend en déclarant ;
« Si Jean Sarkozy se convertissait à l'islam pour épouser la fille d'un émir ou à l'hindouisme pour épouser une fille de maharadja(h), je l'aurais écrit aussi… » On aura connu des défenses plus crédibles.

 
Sans fouiller les biographies ni sonder les âmes, il faut néanmoins rappeler que Siné est un récidiviste de l’antisémitisme.
Quelques heures seulement après l'attentat de la rue des Rosiers dans le restaurant Goldenberg, qui fit six morts le 9 août 1982,  Siné, invité sur les ondes de la radio libre Carbone 14, disait ainsi: " Je suis antisémite depuis qu'Israël bombarde. Je suis antisémite et je n'ai plus peur de l'avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs... Rue des Rosiers, contre Rosenberg-Goldenberg, je suis pour. On en a plein le cul. Je veux que chaque Juif vive dans la peur, sauf s'il est pro palestinien. Qu'ils meurent ! Ils me font chier".
Il est d'ailleurs condamné en 1985, sur une plainte initiée par la Licra, pour "provocation à la discrimination, à la haine et à la violence raciales".
L'humoriste plaida, pour sa défense, avoir été ivre au moment où il tenait ces propos.

 
Le summum de son expression publique dans ce registre a été atteint lors de la campagne européenne de juin 2004.
Il soutenait à l’époque la liste "Euro-Palestine", dont il faut préciser qu’elle fût dénoncée par Leïla  Shahid, alors déléguée générale de Palestine en France.
Lors du meeting central de cette liste au Palais des Sports de Paris, le 8 juin 2004, un duo composé de Siné et Alain Soral s’est livré à un exercice bien connu des rassemblements d’extrême-droite : ils ont, de la tribune, fait siffler et huer par le public des personnalités en jetant leur patronyme juif en pâture.
Le site officiel de la liste Euro-Palestine rendait ainsi compte de cet épisode :
« …Siné et Alain Soral se sont livré avec la salle à un petit jeu de devinettes, consistant à trouver les auteurs d’un certains nombre de phrases incroyables mais vraies, sorties de la bouche de divers supporters de Sharon, mais aussi de politiciens français… »

 
Alain Soral était déjà à ce moment réputé pour son antisémitisme forcené et revendiqué; il l'a depuis officialisé en adhérant officiellement au Front National et en devenant un de ses  dirigeants. C’est même l’un des seuls à défendre la récente déclaration de Le Pen renouvelant son affirmation sur le « détail » de la deuxième guerre mondiale (voir notre article précédent Le Pen et le "détail": décryptage ).
Mais comment Siné pouvait-il se livrer à un tel exercice et en telle compagnie ?
Sa chronique de Charlie n’est donc malheureusement pas, un glissement de plume ni une manifestation d’humour douteux, mais la continuité d’un antisémitisme ancien et endurci.
 
Ceux qui pensent pouvoir combattre Sarkozy en glissant sur le registre de la xénophobie ("Sarkozy le Hongrois") ou de l'antisémitisme à la Siné, démontrent qu'ils se placent, volontairement ou involontairement, sur le même terrain que celui qu'ils prétendent dénoncer.
 
Ainsi Le Pen, dépouillé de son électorat par Sarkozy et bien en peine de dénoncer le recours à l'"Identité nationale" et aux expulsions massives de sans-papiers a choisi de l'attaquer sur ses "trois grands-parents étrangers", formule codée faisant référence au statut d'exclusion des juifs instauré sous le régime de Vichy (voir notre article précédent Le Pen et les "3 grands-parents étrangers" de Sarkozy ) .
 
Pour notre part nous poursuivons le combat contre la xénophobie d’État, l'Europe-forteresse et les quotas d'expulsions, mais aussi contre toutes les postures douteuses qui ont  déjà entraîné des pans de la gauche française vers de terribles dérives.


Memorial 98

 


 

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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 00:00


Nous publions un texte exceptionnel et inédit, un entretien avec l'historien Raul Hilberg réalisé au cours du dernier trimestre 2006, quelques mois avant sa mort  le  4 août 2007.

Raul Hilberg a, depuis 1948, étudié la réalité du génocide des Juifs par la description rigoureuse des mécanismes impliquant la bureaucratie--police, armée, administration-- de l'Etat nazi. Dans son œuvre capitale, La destruction des Juifs d'Europe (éd. définitive, Folio Histoire - Gallimard) Raul Hilberg analyse la Shoah comme un processus, dont les étapes sont la définition des Juifs, leur expropriation, leur concentration, et enfin leur destruction. Ce livre, qui constitue une des références mondiales sur la question, est aussi l'histoire de la conscience collective face au génocide.
Les analyses de Raul Hilberg sont évidemment soumises à  discussion. Nous ne partageons pas certaines de ses prises de position, y compris parmi celles qui figurent dans cet entretien. Mais la compréhension de son œuvre est indispensable à qui veut connaître le génocide nazi.
Nous remercions Laura  Laufer qui a réalisé et traduit cet entretien.

Mémorial 98
 




Laura  Laufer
Vous avez entrepris ce travail en 1948 et la première édition du livre date de 1961. Pouvez-vous décrire comment vous avez choisi une méthode de travail portant avant tout sur la description précise du « comment » le génocide plutôt que sur le « pourquoi » de celui-ci ?

Raul Hilberg
En 1948, plus exactement à la fin de cette année là, j'ai pris la décision d'explorer ce qui était arrivé lors de la catastrophe pour les Juifs d'Europe. Nous avions une esquisse de l'ensemble mais nous ne connaissions pas les détails. D'abord il fallait travailler précisément sur le comment dans un espace de 12 ans ce processus s'était déroulé, avant même que de commencer avec le pourquoi certaines décisions avaient été prises. Et jusqu'à aujourd'hui je n'ai toujours pas répondu au pourquoi car je trouve cela extraordinairement difficile et il s'agit de décider si on peut répondre à une telle question. De ce point de vue,  je partage l'avis de Claude Lanzmann pour dire que cette question n'est pas facilement abordable et qu'il vaut mieux ne pas la poser.


Laura  Laufer
Au XXIe  siècle reste-il  une spécificité du génocide des Juifs d'Europe par rapport au génocide rwandais ? Et laquelle ?

Raul Hilberg
Quand il y a environ dix ans se déroula au Rwanda le massacre des Tutsis, je fus frappé d'abord par le fait que cela arriva par surprise, que c'était inattendu. De toute évidence, il y a de nombreux  pays nouveaux en Afrique : dans le monde occidental, c'est à dire les Etats Unis ou l'Europe, les gens ont même  des difficultés à situer ces pays sur une carte et cela est particulièrement vrai pour les nombreuses terres enclavées d'Afrique comme le Rwanda, un petit pays habité par deux communautés l'une Tutsie, l'autre Hutue, mais avec des Hutus plus nombreux que les Tutsis.
En général, le monde occidental n'avait pas vraiment d'idée de qui étaient ces gens ou pourquoi ils étaient engagés dans une confrontation hostile. Après tout, ils parlaient le même langage  et le pays avaient été christianisé comme catholique. Ce n'était ni le facteur linguistique ou religieux qui pouvait fournir les raisons du conflit, si tant est qu'il devait y avoir un conflit. Jusqu'à ce que rétrospectivement on découvre les racines de l'antagonisme entre Hutus et Tutsis. J'ai pu observer à ce propos que l'Europe avait agi avec ambiguïté J'ai noté également que l'Europe a été l'objet, sans ambiguïté, d'une instrumentalisation par un groupe dans le but de réduire l'autre à néant.
Même si des massacres ont pu avoir lieu dans les années qui ont suivi la période de l'après guerre, comme au Timor Oriental ou dans d'autres pays reculés, le Cambodge et maintenant le Rwanda avaient cette particularité qu'on y a massacré des hommes des femmes et des enfants dans le seul but de ne pas en laisser un seul survivre. La troisième caractéristique qui est, dans un sens la même que celle du désastre pour les Juifs d'Europe, c'est que cela est arrivé sans que cela n'affecte ou n'interfère d'aucune façon sur les pouvoirs en place en Europe. Je mentionne cette circonstance avant tout dans le dernier chapitre de mon livre car quand la Deuxième Guerre Mondiale prit fin avec la libération des camps tels Buchenwald, les détenus exigèrent « Plus jamais ça », « Nie wieder » (en allemand " jamais plus") et cette notion du « Plus jamais ça » a été incorporée dans les conventions internationales pour obliger à ne pas rester sans intervenir si un fait semblable se répétait... et bien cette fois ça a eu lieu et personne n'est intervenu. De plus, pendant la Seconde Guerre Mondiale on a tiré excuse de la priorité donnée à la guerre pour ne pas aider les Juifs, alors que dans le désastre du Rwanda, il n'y avait pas de guerre. Pour moi cette dimension est d'une importance suprême.



Laura Laufer
Comment déterminez- vous parmi les victimes, les Juifs des non-Juifs ? Par exemple  vous intégrez les Juifs convertis au christianisme dans vos calculs. Est-ce du fait que les nazis les considéraient comme Juifs ?

Raul Hilberg
Je ne suis pas sûr de comprendre cette question; il y a deux éléments que je discerne et qui donnent lieu à calcul. D'abord : parmi ceux qui ont péri en tant que Juifs, il y avait en réalité des Chrétiens. Les Allemands avaient une définition qui fixait que quiconque avait quatre grands parents juifs était juif, c'est la notion de « définition raciale ». En fait, ce n'était pas du tout une définition raciale parce que les Juifs ne pouvaient pas être reconnus dans la rue en tant que Juifs ! Il y avait eu une tentative faite par les nazis en 1932, de reconnaître les Juifs dans la rue mais ceux qu'ils attaquèrent alors n'étaient pas tous Juifs ! Ils avaient cru qu'ils étaient juifs parce qu'ils étaient dans les alentours de synagogues. C'est ainsi que vint la définition qui a été retenue par les bureaucrates du ministère de l'intérieur, à savoir que si une personne avait quatre grands parents juifs qui étaient juifs par la  religion,  cette personne était juive. En d'autres termes, on n'avait pas à rentrer dans la question de savoir s'il s'agissait de race, la race était présumée si la religion était juive, et le critère était la religion des grands parents. S'il n'y avait que trois grands parents juifs, cette personne était encore juive ; s'il y avait deux grands parents juifs, le critère décisif était de savoir si cette personne était de religion juive ou si elle était marié à une personne également juive ; elle était alors considérée comme juive . Si ce n'était pas le cas, il n'était pas  défini comme juif. Dans ce cas, il était appelé Mischlinge(« mélangé » en allemand) de premier degré. Et s'il était au quart, il était appelé Mischlinge de second degré.
Maintenant, prenons une personne qui était chrétienne par la religion. Si quatre de ses grands parents étaient juifs, en d'autres termes si elle ou ses parents étaient devenus chrétiens, elle était juive de la même manière ; elle était considérée comme Juive. Aussi vous trouvez dans les listes de déportation des Chrétiens qui étaient considérés comme Juifs parce que les grands parents étaient juifs. Et de manière similaire, si quelqu'un avait trois grands parents juifs bien que cette personne soit Chrétienne, elle était considérée comme Juive. Maintenant, elle n'était pas considérée comme Juive avec deux grands parents juifs, mais il y  avait des convertis au christianisme ou des enfants de convertis qui étaient considérés comme Juifs et nous savons par exemple que dans le ghetto de Varsovie il y a eu des personnes dans ce cas qui ont été déportées à Treblinka. Cela n'a pas été un très grand nombre, mais il a été significatif. Il montre que les nazis contestaient l'idée que quelqu'un pouvait cesser d'être juif pour devenir chrétien. Ils rejetaient cette idée. Aussi ils rencontrèrent de grandes difficultés dans certains pays, notamment des pays catholiques parce que le baptême est un sacrement.  Si une personne était requise pour porter une étoile jaune, de quoi cela avait l'air pour quelqu'un d'arriver à l'église portant une étoile jaune ? Cela a créé des tensions, déjà en Allemagne, mais aussi dans d'autres pays. Et c'est ce facteur qui a poussé l'Eglise au conflit avec le régime nazi. Donc, cela avait une certaine signification. Pour les Juifs, la signification était que la conversion ne marchait pas. En d'autres termes, c'était compliqué d'éviter les persécutions. Si quelqu'un voulait échapper à la discrimination, refusait la ségrégation, le fait de juste devenir chrétien ne résolvait pas le problème. Et depuis 1945, les personnes qui sont devenues chrétiennes dans la communauté juive ne le font plus pour des raisons opportunistes mais par vraie croyance chrétienne. Cette politique des Allemands a eu des conséquences importantes, qui ne visait pas un nombre important de personnes, mais à l'époque et, selon les pays,  on peut comptabiliser ceux qui étaient considérés Juifs par les nazis, et ceux qui étaient effectivement Chrétiens par religion.
(voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Lois_de_Nuremberg)

Laura Laufer :
 Le fait génocidaire n'a-il pas été « banalisé » du fait de la multiplication de ses représentations. Pourriez-vous dire votre  sentiment, par exemple, dans la manière dont le cinéma et la télévision se sont emparés du sujet ?
Raul Hilberg :
Le nombre de médias grand public, incluant les romans, mais particulièrement la télévision ou les  films au cinéma qui prennent pour objet la question de l'Holocauste est devenu important. La raison en est simple: un livre comportant des notes et annexes comme le mien sera lu par des milliers de gens ou même par des dizaines de milliers de gens. Un film sera vu par des millions de gens. Aussi cela engage d'énormes conséquences si le sujet apparaît à la télévision ou au cinéma ou même dans un roman à succès. La  question qui se pose et devient importante est ce qu'il arrive à l'Histoire quand elle est submergée par une représentation fictionnelle ou même dans une sorte de reportage. Et la réponse est que des faits d'une extrême complexité sont abandonnés par nécessité, parce que le temps à l'écran est très limité et qu'il n'est pas possible d'intégrer les sources matérielles qu'on trouve dans ce qui est imprimé. Le film de Lanzmann, Shoah après montage intégral, dure neuf heures, mais si vous regardez le livre du même titre, il s'agit d'un livre court alors qu'il inclut tout ce qui est dit dans le film. C'est une condensation de faits historiques qu'il s'agisse de films de fiction, de romans ou de documentaires. Nous devons admettre que les gens ordinaires impliqués dans la vie active ne sont pas des étudiants  et n'ont pas le temps de lire toute la complexité des mesures impliquées dans cette destruction massive ; ils ne peuvent en extraire qu'une vague idée, surtout dans un film, essentiellement celle que ce fut la mort de millions de gens,. La fiction prend pour point central l'individu et dans le processus de décision, c'est toujours l'impact des mesures de destruction qui est montré, le fait qu'il soit affamé, torturé ou qu'il agonise, et l'intérêt du lecteur se portera sur les victimes ou sur les bourreaux. Nous savons que de tels romans existent. Il y a une différence fondamentale entre un livre de recherche sur le sujet et un livre qui remporte un succès.

Laura  Laufer :
Dans les éditions antérieures de votre ouvrage, vous mentionniez déjà le fait qu'un travail tel que le vôtre implique erreurs et oublis et que vos prises de position et conclusions nécessiteraient inévitablement des corrections et de nouvelles précisions. Aujourd'hui, les corrections que vous faites viennent-elles de nouvelles connaissances ou bien avez vous rencontré au fil des années de nouveaux problèmes de méthode dans l'établissement du fait historique génocidaire? Ou bien les deux ?

Raul Hilberg
Le fait que des erreurs ou des omissions soient faites dans ma recherche m'est apparu déjà au début. De toute évidence, je ne savais pas quelles erreurs je ferai ni ce que je devrai corriger. Je sentais seulement que les erreurs étaient inévitables. Je sentais aussi que des éléments étaient laissés en dehors pour la bonne raison qu'au départ nous n'avions pas tous les éléments, les sources. Il s'est avéré que le nombre de documents généré par l'entreprise d'assassinat d'un nombre énorme de gens dépassait tout ce qu'on pouvait imaginer. Il ne s'agissait pas de centaines ou de milliers de pièces de papiers, mais de millions ; et nous devons avoir à l'esprit  que les Allemands ont détruit beaucoup de documents parce qu'ils ne voulaient pas que des découvertes soient faites après l'événement. Nous devons aussi prendre en compte  que certains documents ont été détruits par les bombardements aériens qui visaient les ministères. Entre ces deux facteurs, le nombre de documents ont a été réduits et une quantité de preuves a été inévitablement perdue. Aussi nous devons utiliser comme matériel de recherche ce qui est resté. Au départ, quand j'ai commencé mon travail, je savais que je ne pouvais agir que sur des matériaux existant à l'Ouest, car les documents se trouvant alors en Union Soviétique n'étaient pas accessibles ; ce n'est qu'en 1990 que ces archives ont été ouvertes. J'ai pu réaliser alors quelle quantité de matériel était aux mains des Soviétiques. Je n'en avais pas d'idée auparavant, je savais seulement qu'une partie y était. Donc je savais pour cette raison que j'omettais bon nombre de choses. Je ne pouvais pas entrer dans  les détails de ce qui était arrivé sur des territoires spécifiques. J'avais en tête qu'il y avait un bon nombre de victimes sur les territoires de l'Union Soviétique, d'où des régions importantes sur lesquelles nous avions peu de détails. De plus, il y avait tant de personnes qui avaient été tuées et  relativement peu de témoins. Et il y avait des massacres sans un seul survivant. J'avais connaissance de ces faits qui font que je savais que le travail n'était pas fini. J'ai fait ce que j'ai pu. Et ensuite, pendant un temps, je n'ai pas fait grand chose et donc j'ai réalisé qu'il y avait encore beaucoup à faire. À ce moment, j'ai recommencé mon travail à l'intérieur même de ces limites et je suis retourné pour la quatrième fois à mes recherches : maintenant je suis arrivé à l'âge de la retraite. Voici la longue démarche de mes préoccupations sur ce sujet.


Laura Laufer
Comment êtes-vous arrivé à calculer le total des victimes ?


Raul Hilberg
En ce qui concerne le total, j'ai été capable de le calculer très tôt. Je n'acceptais pas le chiffre de six millions qui apparaissait aux procès de Nuremberg, mais recherchai des documents qui n'étaient pas accessibles en 1946, parce qu'ils n'avaient pas encore été découverts. L'un d'eux était un rapport du statisticien SS Korherr de la fin  de 1942, comme supplément  à son rapport des trois premiers mois de 1943.
Il y avait là un matériel assez riche, mais qui n'était pas complet. Korherr par exemple n'avait pas les informations dans son rapport sur les massacres de Volhynie-Podolie que je connaissais  raison de l'existence d'un autre rapport. Donc j'étais capable de mettre ensemble quatre documents dont le rapport Korherr qui couvrait  pas mal de statistiques de l'Europe de l'Est et aussi du Sud Est de l'Europe, les massacres de Volhynie-Podolie, le ghetto de Lodz et ajoutées à cela les données concernant la  Hongrie pour 1944.  Et à partir de ces quatre sources,   il était possible dès 1950-1951 de dire: pour telle région nous ne connaissons pas les données spécifiques mais nous avons des données précieuses pour tel ou tel aspect et comme résultat je pouvais arriver à un nombre probable,  un nombre qui comportait quelques points et questions à préciser, un nombre de plus de cinq millions, mais pas six. Mes collègues avaient aussi fait un calcul qui n'en était pas au développement où j'étais arrivé. Certains d'entre eux ont dit, le nombre n'est pas de 6 millions mais de 5 millions et demi et on l'a arrondi vers le haut ;  d'autres ont pris un chemin à l'inverse : le chiffre est de  plus de 5 millions et demi et ils l'ont arrondi vers le bas. En gros, on est entre 5 et 6 millions, mais certains pensent qu'on est plus près de 6 millions et moi je pense qu'on est plus près de 5 millions. Si vous êtes en hypothèse de calcul avec le chiffre le plus affiné, je dirai que le chiffre à prendre en compte est de 5 millions cent mille.  Cela pourrait être un peu plus ou un peu moins. Je ne crois pas que cela puis être en dessous ou au-dessus.  Mais ça, c'est le résultat de mon travail renouvelé sans cesse et sans fin sur les preuves, répété sans cesse sur les documents, sur les extrapolations, sur les calculs, et ce pendant des années. À cela, je veux ajouter que le public veut toujours des chiffres exacts, même quand les documents ne sont pas disponibles et que les statisticiens vous diront que ce n'est pas possible de les corriger dans ce sens ; même de nos jours il est difficile de calculer le nombre de naissances, de décès, de déplacements des populations. Je défendrai le seuil jusqu'auquel on peut arriver à une certaine exactitude. Je suis en désaccord avec les statisticiens car aujourd'hui vous avez des gens aux Etats-unis ou en France qui sont libres de se déplacer, alors que les populations juives étaient gardées à l'intérieur du ghetto, qu'elles étaient comptées  avant de monter dans les trains qui les emmenaient dans les camps de la mort. Les Allemands n'ont jamais arrêté de compter, sauf à utiliser les Juifs pour dresser cette comptabilité et en faire le rapport mois par mois. En raison de ce système fermé, cette rationalisation était comme compter les détenus d'une prison et là vous avez des pièces comptables.



Laura Laufer
Pouvez-vous revenir sur le titre de votre livre (la destruction des juifs d'Europe) qui paraît très exact dans la définition de l'entreprise génocidaire. Que pensez- vous de l'usage plus courant de mots tels  qu'extermination, holocauste... ?

Raul Hilberg
J'ai choisi le mot destruction parce que c'était un mot neuf et juste. Je ne voulais pas de mot qui porte accusation d'un côté, ni ces mots qui en anglais impliqueraient que les Juifs sont des sous-hommes. Il y a un problème linguistique avec le mot extermination lequel en anglais fait  référence à la vermine. Il y a des entreprises spécialisées dans  l'extermination des cafards ou des rats et qui sont appelées des entreprises « d'extermination ». Le mot a un sens différent en italien ou en français. Puisque j'écris en anglais, j'ai rejeté le mot extermination. Quant à holocauste c'est un mot qui vient de l'Antiquité et a des racines dans les pratiques religieuses. Il  signifie brûler en totalité, caust se réfère au fait de brûler et holo veut dire tous. Il y a une dimension dans la description qui peut conduire à utiliser le mot holocauste parce que les corps des Juifs ont été brûlés après avoir été assassinés ainsi qu'on le voit en ouvrant les fosses ou dans les camps à Treblinka, Sobibor, Auschwitz... L'origine du mot rappelle quand même ce sacrifice religieux ou les hommes tuaient un animal et l'offraient aux Dieux. Les historiens du classicisme expliquent que quand les anciens Grecs, pour la plupart paysans, offraient un animal en sacrifice, ils faisaient d'abord des compromis, en mangeant les meilleurs morceaux et offrant aux Dieux la  part qu'ils ne mangeaient pas, les os. Mais pour éviter que les Dieux soient en colère, ils devaient sacrifier l'animal entier. C'est là l'origine du mot holocauste. Et ce n'est pas pertinent pour moi car je rejette l'idée que les Juifs aient été offerts en sacrifice. À l'intérieur de la communauté juive, cette notion de sacrifice existe encore aujourd'hui. Et c'est ce que je rejette parce que sur le fond je suis athée.

                                                       Questions et traduction, Laura Laufer

 Remerciements aux éditions Gallimard.

 Deux références courtes pour compléter cet entretien :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Raul_Hilberg



http://www.anti-rev.org/textes/Hilberg98a/index.html



MEMORIAL 98

 

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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 18:42

Erevan, le mardi 3 juin 2008

Après le succès de sa journée d’action et de sensibilisation aux génocides et à leur négation, qui s’est tenue le dimanche 27 avril 2008 sur le parvis de Notre-Dame à Paris, le Collectif VAN annonce la deuxième étape de son opération « Les génocides vous regardent - Arméniens, Juifs, Tutsis, Darfouris : un mur contre le déni ».

L'antenne du Collectif VAN en Arménie [Vigilance Arménienne contre le
Négationnisme], composée de jeunes militants actifs et concernés par les questions des génocides et du négationnisme, organise une exposition informative à Erevan, capitale de l'Arménie du 7 au 10 juin.

Cette  action, première de ce type en Arménie, est déclinée sur le principe de l’exposition parisienne menée par le Collectif VAN le 27 avril 2008 et à laquelle notre association Mémorial 98 a participé (voir notre article précédent
Contre les génocides:27 Avril à Paris )
 Elle se propose d’apporter au public d’Arménie, des éléments d’information sur quatre génocides et leur négation : quatre grandes affiches traiteront du génocide arménien de 1915, de la Shoah, du génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda et du génocide qui se déroule depuis 2003 au Soudan contre les populations darfouries.

L'antenne du Collectif VAN apportera également des éléments d’information concernant la négation de tous ces génocides et proposera une action participative. Ainsi, comme à Paris, « Un mur contre le déni » invitera les visiteurs à manifester leur vigilance en collant sur toute sa surface des stickers avec notamment les phrases suivantes :
« Les génocides, ça me regarde », « Plus jamais ça », « Le négationnisme est la phase ultime d’un génocide », « Il n’y a pas d’avenir pour une humanité qui cautionne le génocide »,, « Le négationnisme, c’est l’anti-histoire », « Les négationnistes n’expriment pas une opinion : ils perpétuent le crime ».

« Les génocides vous regardent - Arméniens, Juifs, Tutsis, Darfouris : un mur contre le déni » : cette manifestation visant à tisser un lien de solidarité entre des peuples victimes de génocide, apparaît d’ores et déjà comme une grande première en Arménie.



MEMORIAL 98




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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 12:15

Nous avons déjà alerté nos lecteurs sur le projet de directive européenne dirigé contre les étrangers notamment demandeurs d'asile (voir notre article précédent Europe: contre l'emprisonnement des réfugiés! ).

Les échéances se rapprochent et s'aggravent au vu du durcissement du texte. Nous appelons à participer à la journée d'action européenne du 14 juin et à envoyer des lettres aux députés européens (ci-dessous)

CONTRE LA DIRECTIVE DE LA HONTE :
LA MOBILISATION DOIT SE POURSUIVRE


Le projet de directive retour, tel qu'il a été dernièrement modifié et adopté par les représentants des Etats membres le 22 mai, est encore plus alarmant que le texte amendé par le Parlement Européen en septembre dernier et contre lequel nous nous étions mobilisés.

Alors que les points suscitant notre inquiétude sur le premier projet subsistent, on note un durcissement du texte qui prévoit notamment:
- un enfermement des étrangers pouvant atteindre dix-huit mois, pour le seul fait d'avoir franchi des frontières et de vouloir vivre en Europe ;
- la détention et l'éloignement des personnes vulnérables (femmes enceintes, personnes âgées, victimes de torture,...) et des mineurs qu'ils soient ou non accompagnés, au mépris du respect de l'intérêt supérieur de l'enfant. La dernière version de ce texte permet la détention et l'expulsion forcée des mineurs isolés vers un pays tiers (autre que leur pays d'origine) où ils n'ont ni famille ni tuteur légal ; en outre, il n'est plus imposé aux Etats de fournir un titre de séjour aux personnes souffrant de maladies graves,
- une systématisation de l'interdiction du territoire de l'Union Européenne pendant cinq ans pour les personnes expulsées, soit l'exclusion et la criminalisation de ces personnes ;
- le renvoi des étrangers vers les pays par lesquels ils n'ont fait que transiter, sans qu'ils aient un lien avec ces pays.

Ce projet de directive doit maintenant être soumis au vote du Parlement européen le 18 juin prochain. Devant l'imminence de ce vote, il est important que la mobilisation se poursuive afin que ce projet de directive soit rejeté.

Une journée d'action européenne est prévue le 14 juin prochain
Manifestation à Paris
Carrefour de l'Odéon - 14 h

Une campagne de lettres à envoyer aux députés européens
sur le site
www.directivedelahonte.org

MEMORIAL 98

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6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 23:31

Nous publions un appel européen visant à combattre de nouvelles règles qui feraient passer la possibilité de "retenir" des demandeurs d'asile et d'immigrés jusqu'à 18 mois, sans aucune garantie statutaire ou juridique.
Nous soutenons cette mobilisation et  vous demandons de signer la pétition européenne ci-dessous.

 Rassemblement européen à Bruxelles
7 mai 2008 - place Schuman

Non à la directive de la honte !
Appel aux parlementaires européens


Au mois de mai 2008, un projet de directive sur la rétention et l'expulsion
des personnes étrangères sera soumis au Parlement européen.

Depuis 1990, la politique européenne conduite par les gouvernements en
matière d'immigration et d'asile s'est traduite par une réduction continue
des garanties et des protections fondamentales des personnes. L'Europe se
transforme en une forteresse cadenassée et met en oeuvre des moyens
démesurés pour empêcher l'accès à son territoire et expulser les
sans-papiers.

Le projet de directive, s'il était adopté, constituerait une nouvelle
régression.
En prévoyant une rétention pouvant atteindre 18 mois pour des personnes
dont le seul délit est de vouloir vivre en Europe
, il porte en lui une
logique inhumaine : la généralisation d'une politique d'enfermement des
personnes étrangères qui pourrait ainsi devenir le mode normal de gestion
des populations migrantes.
En instaurant une interdiction pour 5 ans de revenir en Europe pour toutes
les personnes renvoyées, ce projet de directive stigmatise les sans-papiers
et les transforme en délinquants à exclure.

Le projet de directive qui sera présenté au Parlement est le premier dans
ce domaine qui fasse l'objet d'une procédure de co-décision avec le Conseil
des ministres. Le Parlement a donc enfin la possibilité de mettre un terme
à cette politique régressive qui va à l'encontre des valeurs humanistes qui
sont à la base du projet européen et qui lui donnent sens.

Les parlementaires européens ont aujourd'hui une responsabilité
historique : réagir pour ne pas laisser retomber l'Europe dans les heures
sombres de la ségrégation entre nationaux et indésirables par la
systématisation des camps et de l'éloignement forcé.


Nous appelons les parlementaires européens à prendre leurs responsabilités
et à rejeter ce projet.


      Pétition en ligne : http://www.directivedelahonte.org/index.php

Premiers signataires

 European organizations        
 Migreurop-Anafé -   Cimade -    Gisti -       
 LDH - Ligue des Droits de  l'Homme          
                                       Soutenu par...
Association Primo Lévi (France) Fédération de l'Entraide Protestante     
 Association Survie (France)     (France)                                 
 Attac France    Fondation de l'Armée du Salut (France)   
                       Mouvement de la Paix (France)            
                                 Pastorale des Migrants (France)          
                                 Secours Catholique / Caritas France

Nous appelons à soutenir cette initiative et à signer la pétition

MEMORIAL 98      
                              
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3 mai 2008 6 03 /05 /mai /2008 18:03
Chronique du racisme au pays de Hortefeux et de l'Identité Nationale.
Nous publions l'interview de Pierre-Damien Kitenge agent de sécurité au magasin Carrefour de Bercy
Interview de Pierre-Damien Kitenge par Mathieu Carbasse du site Actualités en temps réel (Nouvel Observateur)
le samedi 3 mai 2008


Comment s'est passée l'altercation ?

- C'était le samedi 26 avril aux environs de 13 heures. Je me trouve en arrière-caisse et un caissier fait appel à moi pour le contrôle d'un chèque comme à chaque fois qu'un client émet un chèque supérieur à 200 euros. Il s'agissait dans ce cas d'un paiement de 528 euros. Ces contrôles sont prévus par Carrefour pour s'assurer que les chèques ne sont pas impayés, et que les paiements sont bien assurés.
Je me retrouve donc entre le client et le caissier qui me remet le chèque ainsi que les papiers d'identité du client. Soudain, celui-ci s'emporte : "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ! Vous n'avez pas le droit de toucher mes papiers. Je vous connais, vous, les noirs. Vous êtes tous des sans-papiers, des trafiquants de papiers. Retournez dans votre pays. Et ne touchez pas mes papiers."
Il me dit également que pour 500 euros, il n'est pas nécessaire de faire un contrôle d'identité. Je ne pers pas mon sang-froid et lui explique que 500 euros, c'est presque la moitié de mon salaire et je lui demande de me laisser faire mon travail.
Alors qu'il me parle, il veut m'arracher par la force les papiers et le chèque que je tiens dans la main. Puis il sort une carte de visite sur laquelle on pouvait lire : Direction de cabinet, Ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale. Et le client de tenter de m'intimider : "Vous ne savez pas qui je suis. Mais vous allez voir, vous allez vous retrouver au chômage avec toute votre famille. Vous pouvez faire une croix sur votre carrière."
Je finis alors par appeler mon responsable, qui me demande de me taire. Je peux lire la crainte dans ses yeux. Il est intimidé par l'identité du client qui lui tend une nouvelle carte de visite. Mon responsable me somme de partir, en m'expliquant qu'il va régler le problème.
Finalement, le client quitte le magasin sans que le contrôle du chèque ait été effectué.
De mon côté, face au manque de soutien de mon responsable hiérarchique, je décide de porter plainte pour injures à caractère racial et diffamation.

Quelle a été alors la réaction de votre employeur ? de Carrefour ?

- Mon employeur [une société de sécurité, ndlr] m'a rapidement contacté pour que je retire ma plainte. Je lui ai répondu que je n'avais pas porté plainte au nom de Carrefour ou au nom de la société qui m'emploie mais en mon nom propre.
De leur côté, ils m'ont expliqué que le monsieur leur aurait présenté des excuses. Mais ce n'est pas auprès de mon directeur qu'il fallait qu'il s'excuse. Ce n'est pas lui qui a été insulté.
Et puis mon patron a essayé de me faire changer d'avis : "Je t'en prie Pierre, je ne cautionne pas [la plainte déposée, ndlr]. Nous sommes à Bercy, tu sais ce que cela représente(siège du Ministère de l'Economie)".
Je lui ai expliqué que je ne retirerai ma plainte qu'à la condition que l'homme qui m'a insulté publiquement, s'excuse publiquement.

Avez-vous été surpris du manque de soutien de votre hiérarchie ?

- Oui, ça m'a vraiment étonné, surtout quand je lis dans les journaux qu'ils n'ont jamais fait pression sur moi pour que je retire ma plainte. Mais le plus triste dans tout ça, c'est le manque de courage des gens qui ont assisté à la scène : tous les témoins qui avaient annoncé qu'ils allaient témoigné se sont aujourd'hui rétractés. A croire que le mammouth a toujours plus de poids qu'une petite fourmi. On ne s'attaque pas à un mammouth, comme on dit.




MEMORIAL 98
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