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L'association MEMORIAL98, qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme a été créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus.  

Son nom fait référence aux premières manifestations organisées en janvier 1898, pendant l'affaire Dreyfus, par des ouvriers socialistes et révolutionnaires parisiens s'opposant à la propagande nationaliste et antisémite.

Ce site en est l'expression dans le combat contre tous les négationnismes

(Arménie, Rwanda, Shoah ...)

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Retrouvez aussi le quotidien de l'info antiraciste sur notre blog d'actus :

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Sur les réseaux sociaux : 

    

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Pour correspondre avec nous, nous proposer des articles ou des informations,

pour toute question : 

contact@memorial98.org

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 23:35

MurMure

Une comédie sur le conflit israélo-palestinien.

Librement inspirée des récits et dialogues d’Amira Hass et Mahmoud Al Safadi

Du 18 Novembre au 13 Décembre 2009

Du Mardi au samedi à 21h et le Dimanche à 17h

 Centre culturel Confluences

 190 boulevard de Charonne

75020 Paris – M° Alexandre Dumas ou Philippe Auguste

01 40 24 16 34

www.confluences.net

 

 Dans toutes les prisons du monde, les prisonniers cherchent toujours par n’importe quels moyens - légaux ou illégaux  - à entrer en contact avec le monde extérieur. L’apparition de la technologie du téléphone portable a révolutionné leur vie et transformé la perception des prisonniers ; une fenêtre s’est ouverte sur le monde : « C’était le poumon par lequel nous respirions…».

 Le récit que Mahmoud Al Safadi fait de l’intérieur de la prison est un point de vue unique, au quotidien,, de la vie des prisonniers politiques palestiniens.

 Comment offrir, le temps d’une représentation théâtrale, un point de vue singulier sur les relations entre les protagonistes du conflit israélo-palestinien et mettre en lumière, par l’humour, certains mécanismes de comportement de ces deux sociétés profondément en crise, en sachant que ce conflit est l’un des plus médiatisés au monde?

 En novembre 2005, Ariel Cypel et Gaël Chaillat rencontrent Amira Hass, journaliste au grand quotidien israélien Haaret’z et écrivaine. Elle leur fait part de ses conversations téléphoniques clandestines avec un détenu politique palestinien, Mahmoud Zahara Al Safadi, enfermé depuis 17 ans dans les prisons israéliennes.

 L’écriture de MurMure s’inspire de cette réalité et toutes les situations et les histoires du spectacle sont inspirées de faits réels, desquels les fils de l’absurde sont tirés à l’excès.

MurMure invite le public à rire de l’arbitraire qui sépare Amira Hass et Mahmoud Al Safadi alors que la faculté d’autodérision manque cruellement aux acteurs du conflit, toujours prêts à enfermer l’adversaire dans un rôle de monstre. Le pire des enfermements est bien celui-là : l’enfermement des consciences dans le déni de l’autre.

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 22:54

 

 

 

Nous publions le courrier adressé  le 11 novembre  par le président de l’association Memorial 98 au président de l’Alliance Israélite Universelle (courrier électronique). A l’occasion de son 150e anniversaire, cette vénérable institution organise une conférence solennelle.

La première intervenante de ce colloque est Mme Chantal Delsol, connue comme une représentante de la droite catholique, qui traitera de « l’Universel et la marque de l’enracinement » (voir ci-dessous le programme du colloque).

Or Mme Delsol est connue pour ses prises de position politiques et notamment pour son soutien explicite à l’alliance avec le Front national lors des élections régionales de 1998 dans la région Rhône-Alpes.

Il ne s’agit ni d’histoire ancienne ni d’un péché véniel ; les relations avec l’extrême droite hantent  la vie politique et sociale du pays depuis plus d’un siècle et sont évidemment d’une importance capitale quand une organisation juive se penche sur l’identité.

La lettre au Président de l’AIU est reproduite ci-dessous, avec quelques corrections de forme.

 

Monsieur le Président,

 

Ayant lu dans la presse que l'AIU organise le 14 Novembre  une conférence à  l'occasion de son 150e anniversaire, avec comme invitée-vedette Madame Chantal Delsol, je me permets de vous faire de ma stupéfaction et de ma protestation. 

En effet Mme Delsol a pris position publiquement en faveur d'une alliance politique avec le Front national, lorsque celle-ci pût se réaliser, à l'occasion des élections régionales de 1998. De très nombreux articles de presse de l'époque en témoignent.

Un portrait de Mme Delsol, paru dans le journal Le Monde dans son édition du 15 juin 2002 (p. 34 ) donc plusieurs années après ces événements, documente précisément cette posture inchangée:

"...Mais Chantal Delsol, c'est aussi Chantal Millon-Delsol, l'épouse de Charles Millon, réélu en 1998 à la présidence du conseil régional de Rhône-Alpes avec l'appoint des voix du Front national... Elle ne l'en a pas moins soutenu dans des choix : "Le Front national avait donné son soutien sur un programme précis", justifie-t-elle. "De plus, il y a comme une imposture à faire d'un côté du FN un parti légal, et de l'autre à ériger une sorte d'ordre moral au nom duquel accepter ses voix serait inadmissible."

À ma connaissance, elle n'est jamais revenue depuis sur cette prise de position.

Est-il possible de débattre de « l'Universel et de la politique des identités » avec une personne qui banalise une alliance politique avec un parti xénophobe et antisémite, dont les principaux dirigeants ont été condamnés pour négationnisme et incitation à la haine raciale? 

Il s'agit bien sûr de Jean-Marie Le Pen mais aussi de Mr Gollnisch dirigeant du Front national dans la région Rhône-Alpes, partenaire de l'alliance nouée à l'initiative de Monsieur Million et qui entraîna notamment un énorme scandale au Mémorial des enfants d'Izieu. En raison de son alliance avec le Front National, Mr Millon fût chassé du Mémorial le 19 Juillet 1998 à l'initiative de Mme Lagrange, présidente de l'Amicale régionale des déportés d'Auschwitz.

 

Dans l'attente de votre réponse, veuillez recevoir, Monsieur le Président, l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

 

Pour l'association Mémorial 98…

 

 MEMORIAL 98

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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 17:33

Irmela Mensah-Schramm en pleine activité de "nettoyage"

 

 

 

 

 

 

Nous désirons rendre hommage à Irmela Mensah-Schramm, à la veille du 9 Novembre qui commémore la chute du Mur de Berlin mais aussi la Nuit de Cristal du 9 Novembre 1938 (voir nos articles précédents Nuit de cristal : 70 ans après(I) Terrible Autriche Nuit de cristal : 70 ans après (II) Un acte prémédité) 

Depuis 20 ans, cette femme berlinoise , éducatrice spécialisée retraitée, « nettoie » la propagande, les graffitis et auto collants néos nazis à Berlin et dans d’autres villes ; elle sillonne les rues pour arracher les autocollants et recouvrir les tags racistes et nazis.

On peut ainsi la croiser à tourner inlassablement dans les rues berlinoises, tenant à la main un grattoir et du dissolvant à ongles.

Avec ses « armes », elle efface les croix gammées et enlève les autocollants racistes disséminés sur des lampadaires et des murs dans toute la ville. C'est une bataille sans fin contre les jeunes néo-nazis, certains passants, et avant tout,   l'indifférence. Elle marche toute la journée, scrutant  les plaques de rues et les murs. Elle est aussi  armée d'un grand appareil photos pendant à son cou afin de constituer des archives et d'un sac en tissu blanc portant l'inscription "Combattez les nazis" en larges lettres blanches.

Irmela Mensah-Schramm considère qu’en 23 ans, elle a enlevé plus de 80,000 autocollants comportant des slogans homophobes, antisémites ou racistes.

Son activité militante n’est pas de tout repos, puisqu’elle a subi de très nombreuses menaces, et même des poursuites judiciaires, suite à des démêlés avec un vigile. Elle assume les  infractions qu’elle est amenée à commettre  en pénétrant dans des accès privés pour pouvoir détruire des grafittis.   

Comble de l’ironie, des nazis l’ont même menacée… par des tags !

Sa « mission » a débuté à l’été 1986 à proximité de sa maison ; elle aperçut un auto collant qui réclamait la libération de Rudolf Hess, le criminel de guerre nazi emprisonné à Spandau et emblème des néos nazis ; révulsée, elle voulut l’arracher, mais ne pût le faire car son bus s’en allait. Elle revint le soir même et enleva l’auto collant. Elle n’a plus cessé depuis.

Irmela Mensah-Schramm ne se contente pas de cette activité ; elle anime aussi de nombreuses conférences d’éducation et rend compte de son combat par des expositions qui montrent la propagande qu’elle a supprimé.

 

Pour établir un lien entre les  évènements historiques commémorés le 9 novembre, nous voulons aussi  donner un écho à la protestation de Gottfried Wagner contre le programme musical de la journée qui célèbre l’anniversaire de la chute du Mur. Cet arrière petit-fils du compositeur Richard Wagner proteste contre l’inclusion de l’ouverture de l’opéra Lohengrin, composé par son ancêtre, lors du concert officiel des célébrations.

Musicologue et inlassable militant antifasciste, il rappelle le nationalisme et l’antisémitisme de son aïeul, précurseur du nazisme, ainsi que le montre d’ailleurs l’œuvre choisie, dominée par la vision d’un Allemagne triomphante.

Il est surprenant que le chef d’orchestre Daniel Barenboïm se prête à cette mauvaise action contre la mémoire de la Shoah et de l’Allemagne antifasciste. Gottfried Wagner ne cesse en effet de rappeler que Hitler a fait de Richard Wagner son modèle culturel.

 

MEMORIAL 98

 

 

 

 

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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 22:59

 

Urgent : pour participer à cette journée , vous devez vous inscrire avant le 2 ocrobre au soir (voir notre article précédent Mémoire de lutte contre l'antisémitisme: 110 ans après)

Memorial 98

Journée d’étude: Actualité de l’affaire Dreyfus en 2009

Le samedi 10 octobre 2009  au siège national de la Ligue des droits de l’Homme

138 rue Marcadet - 75018 Paris

A l’occasion du 150e anniversaire de la naissance d’Alfred Dreyfus et de Jean Jaurès et de l’inauguration au siège de la Ligue des droits de l’Homme de la salle Alfred Dreyfus

co-organisée par la Société d’études jaurésiennes, la Société littéraire des amis d’Emile Zola, la Société internationale d’histoire de l’affaire Dreyfus et la Ligue des droits de l’Homme

9h Ouverture, au nom des organisateurs, par Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes

9h15 « Drumont et l’antisémitisme à la fin du XIXe siècle », par Grégoire Kauff mann (auteur de Édouard Drumont, Perrin, 2008)

 

9h45 « Les nouvelles données dans l’historiographie de l’aff aire Dreyfus », par Philippe Oriol (auteur de L’histoire de l’affaire Dreyfus, Stock, tome 1, 2008 ; tome 2, 2009)

10h30 Table ronde, à partir des interventions de :

- Michel Dreyfus (auteur de L’antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours, La Découverte, 2009) : « Le mouvement socialiste et ouvrier et l’antisémitisme » ;

- Gilles Manceron et Emmanuel Naquet : « Apports et débats historiographiques dans l’ouvrage qu’ils ont codirigé Être dreyfusard, hier et aujourd’hui », Presses universitaires de Rennes, 2009.

A 12h :

 

Inauguration de la Salle Alfred Dreyfus par Bertrand Delanoë,

Maire de Paris

 13h Déjeuner sur place (participation de 15 €)

14h30 Présentation de l’exposition sur La Revue blanche au temps de l’affaire Dreyfus par Paul-Henri Bourrelier (auteur de La Revue blanche, une génération dans l’engagement  1890-1905, Fayard, 2007)

 14h45 « Jaurès, les Arméniens et Dreyfus », par Vincent Duclert (auteur de Jean Jaurès « Il faut sauver les Arméniens », Mille et une nuits, 2007, et de, co-dirigé avec Perrine Simon-Nahum, Les événements fondateurs. L’affaire Dreyfus, Armand Colin, 2009).

15h15 « Clemenceau, héraut de l’Affaire : une somme monumentale en cours de réédition », par Michel Drouin (auteur de Zola au Panthéon, la quatrième aff aire Dreyfus, Perrin, 2008, et de la réédition des écrits de Clemenceau sur l’Affaire, 1. L’Iniquité ; 2. Vers la Réparation ; 3. Contre la Justice ; 4. Des Juges, Mémoire du Livre, 2001, 2003, 2007 et 2009).

16h « La panthéonisation de juin 1908, épilogue de l’affaire Dreyfus », par Alain Pagès (auteur de  Emile Zola, de J’Accuse au Panthéon, Ed. Lucien Souny, 2008)

17h Clôture de la journée d’étude par Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’Homme

Inscription obligatoire auprès du service communication LDH avant le 2 octobre :

communication@ldh-france.org

01 56 55 51 07

138 rue Marcadet - 75018 Paris

MEMORIAL 98

 

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24 septembre 2009 4 24 /09 /septembre /2009 23:01


Face à l'ouverture de pourparlers entre la Turquie et l'Arménie, nous avons sollicité le point de vue de nos amis du  Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]. Ils ont élaboré le texte ci-dessous que nous publions avec nos remerciements.

MEMORIAL 98

 

Arménie/Turquie : le génocide, objet de marchandage ?

 La République d’Arménie et la République de Turquie ont rendu publics le 31 août 2009, deux protocoles d’accord, portant sur l’établissement et le développement de relations diplomatiques entre elles. A priori, il y aurait tout lieu de se réjouir. Mais qu'en est-il en réalité ?

 

Les protocoles annoncés doivent encore faire l'objet d'un examen parlementaire dans les deux pays et être ratifiés au niveau national de part et d'autre avant le 13 octobre. S'ils entraient en vigueur, la volonté affichée de la Turquie, d'établir et de développer des relations diplomatiques avec l'Arménie, traduirait un changement majeur dans la politique d'Ankara à l'égard d'Erevan : la Turquie serait donc prête à mettre fin au blocus illégal qu'elle exerce à l'encontre de l'Arménie depuis 1993.

 

De même, en choisissant de « protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales », la Turquie, devrait, en toute logique, abroger l'article 301 du Code Pénal turc qui a permis de poursuivre nombre de citoyens turcs, intellectuels, artistes et journalistes, pour avoir évoqué le génocide arménien.

 

Invité fantôme des 2 protocoles, le génocide arménien, jamais nommé, est l'un des enjeux majeurs de ces accords.

 

Le génocide oublié

 

En 1915, un million et demi d'Arméniens, hommes, femmes, enfants,  citoyens chrétiens de l'Empire ottoman, ont été exterminés sur ordre du gouvernement Jeune-Turc. Mais, pour ce qu'on appelle communément le « premier génocide du XXème siècle », nuls dédommagements, ni réparations : bien au contraire la Turquie pratique, depuis 94 ans, un implacable négationnisme d'Etat, socle de son identité et de son nationalisme. Situées en Turquie, les 9/10ème des terres historiques arméniennes ont été vidées de leur population autochtone; plus de 2000 églises et monastères ont été laissés à l'abandon, rasés ou transformés en mosquées. Les rescapés et leurs descendants, dispersés aux quatre coins du monde, ont fondé la diaspora, porteuse de la mémoire douloureuse du génocide et du combat pour sa reconnaissance, tandis que l'Arménie actuelle, située à la frontière Est de la Turquie, est restée muselée sous le joug soviétique de 1921 à 1991.

 

De quelle confiance parle-t-on ?

 

Les termes sibyllins de l'accord arméno-turc interpellent. En effet, la Turquie et l'Arménie conviennent, entre autres points :

 

  • de « mettre en oeuvre un dialogue de portée historique dans le but de rétablir la confiance mutuelle entre les deux nations.
  • d'entreprendre « un examen scientifique impartial des dossiers et des archives historiques afin de définir les problèmes existants et de formuler des recommandations » ;
  • « de la création d’une Commission intergouvernementale bilatérale qui doit comporter des sous-commissions distinctes pour la mise en oeuvre rapide des engagements mentionnés » dans les protocoles.

 

Les deux pays indiquent même que « Si nécessaire, des experts internationaux pourront participer aux sous-commissions. » et précisent plus loin « des experts Arméniens, Turcs, mais aussi Suisses et d’autres experts internationaux pourront s’associer ».

 

À ce stade, une première question se pose : peut-on 'rétablir’une confiance qui n'a jamais existé auparavant ?[1] Et ce lorsque l’on sait que, dès le 17 septembre, soit à peine 2 semaines après la signature des protocoles, le Premier ministre turc Erdogan est déjà revenu sur les termes des accords signés, en subordonnant l'ouverture de la frontière avec l'Arménie, à la résolution du conflit du Haut-Karabagh. Pourquoi la diplomatie turque se priverait-elle de ses moyens de pressions habituels ? Il y a, de toutes les façons, fort à parier que ce serait la petite Arménie, plutôt que la puissante Turquie, qui serait critiquée de ne pas avoir ratifié des protocoles qui l’obligent – sans contrepartie – à toutes les capitulations.

Il suffit malheureusement de s’en référer au cas de Chypre, accusée unanimement de rejeter l'inacceptable plan Annan, pour s’en convaincre.

 

Un négationnisme d’Etat

 

S'il est souhaitable que des pays voisins entretiennent des relations pacifiées, un génocide ne peut être ramené à une simple question bilatérale entre l'Etat héritier des bourreaux et celui des victimes, ou du moins d'une partie des victimes car l'essentiel des descendants des rescapés vit, en fait, en diaspora et non en Arménie.

L'étude d'un génocide fait appel à des questions d'éthique, de justice, de morale : un génocide, quel qu'il soit, concerne l'humanité tout entière.

 Et comment confier des recherches historiques à un Etat qui pratique un négationnisme offensif ? Envisagerait-on de laisser l’étude de la Shoah à un Ahmadinejad qui déclare ces jours-ci : "Si l'Holocauste a été un événement réel, pourquoi ne permettent-ils pas des recherches pour éclaircir les faits ?" ?

Par ailleurs, le génocide arménien a déjà été très largement étudié et documenté : il est reconnu dans le monde entier par des organisations internationales, des Etats, la communauté scientifique et même une partie émergente de la société civile turque.

 

Positivons : la mise en place de cette sous-commission historique a peut-être pour but de faire doucement admettre au peuple turc, élevé dans le déni depuis cinq générations, qu’il y a bien eu un génocide ?

 

Soit. Mais rien dans la politique récente de l'Etat turc ne vient corroborer cette hypothèse.

Ne serait-ce qu'en 2008 et 2009, les élèves de toutes les écoles primaires de Turquie ont été obligés de visionner en classe un DVD anti-arménien, raciste, haineux et négationniste, distribué par le Ministère turc de l'Education.

 Les étudiants turcs engagés dans le programme européens Erasmus, les guides touristiques turcs, les Turcs de l'étranger revenus au pays pour effectuer un stage payant en lieu et place du service militaire, ont tous dû assister à des « sessions de formation » pour mieux apprendre à contester le génocide arménien, lors des discussions qu'ils seraient amenés à avoir dans leur pays d'accueil ou avec des touristes.

 

Dans le même esprit, l'Etat turc [2] fait traîner en longueur le procès des assassins de Hrant Dink, journaliste arménien de Turquie, abattu à Istanbul le 19 janvier 2007. La diplomatie turque déploie une énergie frénétique et des millions de dollars, pour empêcher la reconnaissance officielle du génocide arménien aux Etats-Unis et dans le monde entier ; à coup de pressions, corruptions, mensonges, chantages, elle influe sur des Etats tiers pour empêcher le vote de lois pénalisant le négationnisme.

 Les représentations consulaires turques encouragent les manifestations négationnistes violentes des ultranationalistes « Loups-Gris » en Europe et aux USA. La Turquie, alliée de l’Azerbaïdjan, menace régulièrement l'Arménie, pour son soutien à la volonté d'autodétermination des Arméniens du Haut-Karabagh [3]. Autre signe inquiétant : Ankara finance, dans les universités du monde entier, des chaires négationnistes, d'où seront - peut-être - issus les fameux « experts internationaux » chargés de « l'examen scientifique impartial des dossiers et des archives historiques »...

 

Comment ne pas penser à ce qu'écrivait l’historien Pierre Vidal-Naquet : « Les Turcs […] offrent l'exemple même d'une historiographie de la dénégation. Mettons-nous à la place des minorités arméniennes un peu partout dans le monde. Imaginons Faurisson ministre, Faurisson général, Faurisson ambassadeur, Faurisson membre influent des Nations unies, Faurisson répondant dans la presse chaque fois qu'il est question du génocide des Juifs, bref un Faurisson d'État doublé d'un Faurisson international  ».[4]

 

Va-t-on désormais ajouter : « Un Faurisson, membre de la Commission intergouvernementale bilatérale  » ?

 

La marge de manœuvre de l'Arménie

 

Alors pourquoi l'Arménie se prête-t-elle à ce qui pourrait être un jeu de dupes ? L'Arménie prendrait-elle le risque de mettre un coup de frein à la dynamique des reconnaissances du génocide arménien obtenues par la diaspora malgré les difficultés ? Un fait est certain : elle a été amenée à signer – sous les pressions russe, américaine et européenne – ces protocoles par lesquels – s'ils étaient ratifiés - elle entérinerait les frontières délimitées par la Turquie et l'URSS en 1921, en abandonnant toute idée de réparations territoriales basées sur le seul traité qu'elle avait signé en tant qu’Etat indépendant en 1920, celui de Sèvres.

On est en tout cas bien loin de la déclaration d'indépendance de l'Arménie du 23 Août 1990, par laquelle l'Arménie se séparait de l'Union Soviétique et dont l'Article 11 stipulait : « La République d'Arménie tient à soutenir le devoir de réalisation de reconnaissance internationale du génocide arménien en 1915 en Turquie ottomane et en Arménie de l'Ouest ».[5]

 

Impossible néanmoins de s'interroger sur la position de l'Arménie sans avoir en mémoire le contexte récent de ce pays enclavé et pauvre.[6] Pour autant, s'il n'appartient pas à la diaspora de donner des leçons à une Arménie cherchant à assurer sa viabilité économique, géopolitique, militaire, énergétique[7], il lui est vital de faire entendre son point de vue.

 

Les Arméniens de la diaspora ne se résoudront pas à voir le génocide arménien et ses nécessaires réparations, réduits à un simple différend arméno-turc, objets de marchandage ou de coups de bluff  entre deux Etats, avec la tacite approbation des grandes puissances.

Le négationnisme, exporté par la Turquie et auquel les descendants des rescapés sont confrontés, dans l'espace politique, dans la sphère économique, sur internet, dans les médias, chez les universitaires, dans la rue, nourrit à juste raison leur inquiétude. Ils sont voués à continuer ce combat, car le négationnisme de l'Etat turc, "c'est le double-meurtre" comme l'a si bien analysé Elie Wiesel [8].

 

Enfin, sur le plan moral et politique, s’impose une dérangeante réalité : en traitant avec autant de légèreté le génocide des Arméniens et les effets qu’il a entraînés, l'Arménie enterre ipso facto le génocide des Assyro-chaldéens-syriaques, exterminés en Turquie en même temps et dans les mêmes conditions que les Arméniens. La diaspora assyro-chaldéenne-syriaque ne dispose quant à elle d’aucun Etat, même faible ou enclavé, pouvant défendre sa mémoire et ses intérêts…

 

L'espoir venu d'ailleurs

 

Paradoxalement, c'est de Turquie que peut venir l'espoir que les protocoles Arménie/Turquie ne soient pas le prétexte à un enterrement de première classe pour la reconnaissance du génocide arménien et ses réparations.

 Après plus de 90 ans de silence et de mensonges étatiques, de courageux intellectuels turcs, des militants des droits de l'homme commencent, malgré les risques, à briser le tabou du génocide arménien et à en faire un sujet de discussion dans la société civile turque. Plus encore, ils réclament que le gouvernement turc prenne ses responsabilités, reconnaisse les faits et envisage des réparations.

D'autres, moins sincères mais très médiatisés, ont pour but – comme le gouvernement turc – d'instaurer une fracture entre Arméniens de la diaspora qu’ils stigmatisent comme nationalistes parce que réclamant la reconnaissance d'un génocide et la République d'Arménie, plus encline, vu sa situation, à tempérer et négocier.

 

Il appartient à l'Union européenne et aux Etats-Unis de donner un message fort en soutenant  l'intelligentsia turque qui s'engage clairement dans l'étude de son histoire falsifiée, et de demander à Ankara de mettre fin à son activité de propagande négationniste à l'intérieur de ses frontières comme à l'étranger. Ce faisant, les puissances occidentales favoriseraient la démocratisation de la Turquie dont profiteraient toutes ses minorités (kurde, alévie, arménienne, assyro-chaldéenne-syriaque, grecque, …) et au-delà les Turcs eux-mêmes. N'est-ce-pas là l'assurance d'une Europe élargie apaisée ?

 

Ces protocoles, qu'ils soient ou non ratifiés, posent finalement la question de la moralité en politique : les valeurs intangibles telle la reconnaissance d'un génocide, peuvent-elles faire l'objet d'un marchandage, d'un jeu de poker menteur, sans que l'humanité y perde son âme ? Et là, on est bien au-delà du simple débat sur la reconnaissance du génocide arménien et de la pénalisation de sa négation.

Issy-les-Moulineaux, le 24 septembre 2009

 Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme] [9]· BP 20083, 92133 Issy-les-Moulineaux - France
Boite vocale : 09 50 72 33 46 - Email: contact@collectifvan.org  -  http://www.collectifvan.org

[1] La formulation « rétablir la confiance » n'est pas innocente: elle fait appel au mythe de la supposée fraternité séculaire entre Turcs et Arméniens (ou Turcs et Grecs). C'est un leitmotiv récurrent de la propagande gouvernementale turque tendant à masquer le fait qu'il y eut – dans l'Empire ottoman - des oppresseurs (Turcs) et des opprimés, citoyens (Arméniens entre autres) de seconde zone.

 

[2] En l'occurrence, « l'Etat profond » regroupant les réseaux militaires, paramilitaires, mafieux et islamistes qui cherche à masquer son implication dans l'assassinat de Hrant Dink.

 

[3] Un projet d'invasion de l'Arménie avait même été mis sur pied en 1992/93 : seules les interventions russe et américaine avaient arrêté l'agression turque.

 

[4] Citation complète de Pierre Vidal-Naquet dans Les assassins de la mémoire paru au Seuil en 1995 : « De toutes les historiographies, la pire est évidemment l'historiographie d'État, et les États admettent rarement le fait d'avoir été criminels. Le cas le plus douloureux peut-être est, dans ce domaine, le cas de l'historiographie turque du génocide arménien de 1915. […] Les Turcs […] offrent l'exemple même d'une historiographie de la dénégation. Mettons-nous à la place des minorités arméniennes un peu partout dans le monde. Imaginons Faurisson ministre, Faurisson général, Faurisson ambassadeur, Faurisson membre influent des Nations unies, Faurisson répondant dans la presse chaque fois qu'il est question du génocide des Juifs, bref un Faurisson d'État doublé d'un Faurisson international et, avec tout cela, Talaat-Himmler jouissant depuis 1943 d'un mausolée solennel dans la capitale  ».


[5] L'indépendance elle-même ne sera proclamée qu'à la suite du référendum du 21 septembre 1991
.

 

[6]1988 : Un tremblement de terre ravage tout le Nord de l'Arménie et fait des dizaines de milliers de victimes ; la même année, l'Arménie accueille des dizaines de milliers de réfugiés arméniens d'Azerbaïdjan, fuyant les pogroms de Soumgaït et de Kirovabad. 1991 :  la chute de l'URSS entraîne l'effondrement économique de la nouvelle république indépendante d'Arménie. Via la République autonome arménienne du Haut-Karabagh, l'Arménie est en guerre contre l'Azerbaïdjan, avec pour conséquence jusqu'à ce jour, le blocus terrestre de la Turquie. Le chômage et son corollaire l'émigration, le conflit russo-géorgien de l'été 2008 qui a privé l'Arménie de l'une de ses seules sources d'approvisionnement, les tensions actuelles avec la Géorgie concernant la province arménienne du Djavakh, tous ces éléments sont à prendre en compte dans l'analyse de la « capitulation sans conditions » de l'Arménie.

 

[7] Suite aux accords signés, le gazoduc Nabucco pourrait passer par le territoire arménien, alors que l'Azerbaïdjan et la Turquie manoeuvraient depuis des années pour écarter l'Arménie du tracé retenu.

 

[8] Last year, the Elie Wiesel Foundation for Humanity issued a letter condemning Armenian genocide denial that was signed by 53 Nobel laureates including Wiesel, the famous Holocaust survivor and political activist. Wiesel has repeatedly called Turkey's 90-year-old campaign to cover up the Armenian genocide a double killing, since it strives to kill the memory of the original atrocities.  http://www.splcenter.org/intel/intelreport/article.jsp?aid=935

 

[9] Depuis avril 2005, le Collectif VAN organise chaque année sur le Parvis de Notre-Dame de Paris, une Journée de Sensibilisation aux génocides et à leur déni, avec le soutien de nombreuses associations françaises et étrangères des Droits de l’Homme, dont Mémorial 98 et pour la première fois en 2009, l’Arche, SOS Racisme et l’Association des Droits de l’Homme de Turquie (IHD). http://www.collectifvan.org/article.php?r=9&id=30007


voir aussi les articles précédents du site:

Une loi contre le négationnisme ? Israël doit reconnaître le génocide arménien Génocide arménien : vers une reconnaissance en Israël ? Rassemblement contre le déni à Paris Contre les génocides:27 Avril à Paris Arménie:contre tous les négationnismes 26 Avril à Paris: ensemble contre le négationnisme


MEMORIAL 98

 


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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 21:03


Où vas tu Pedro? de Manon Moreau

Spectacle écrit à partir de témoignages de Républicains espagnols.

Du 30 septembre au 10 octobre à 20h30.

Dimanche 4 à 18h. Relâche le 5.

A CONFLUENCES 190 BD DE CHARONNE 75020 PARIS. RESERVATIONS: 01 40 24 16 46





 





Spectacle composé à partir du travail d'une journaliste et auteure, Manon Moreau, partie en Espagne interroger les Républicains espagnols, leurs enfants et leurs petits enfants.

Alors que disparaissent aujourd'hui les derniers Républicains, leurs petits enfants, première génération à n'avoir pas connu la peur, demandent  l'ouverture des fosses communes où gisent les victimes de la guerre civile et de la répression franquiste.

Où vas tu Pedro? est un spectacle sur une tragédie qui ressurgit avec la distance du temps passé. C'est une fable sans héros: Les acteurs sont ici les passeurs d'une mémoire, pas ses victimes, ni ses héros illusoires.

Son écriture, éclatée en séquences, raconte la mémoire espagnole, fragile, lacunaire, clandestine.

 

MEMORIAL 98


 

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13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 22:17

 

La réalité de ce qu'ils pensent, des mots qu'ils utilisent, trouve le moyen de surgir au grand jour.

Malgré le formatage de la communication, le contrôle de l’expression,les gestes calculés comme le renvoi du préfet Girot de Langlade, la brutalité et le mépris font irruption.

La  xénophobie, constitutive de la  mise en place du sarkozysme et  étroitement associée à son succès, suinte par les pores de l’ « humour » à la manière Hortefeux.   

Il semble d’ailleurs que  le seul reproche de Sarkozy à l’égard de son ami politique de toujours porte sur la « décontraction » excessive dont celui ci aurait fait preuve. Autrement dit, il aurait mal contrôlé ce qui doit être exprimé dans un langage électoral.

Pourtant, Sarkozy a donné l’exemple avec le fameux « Casse-toi pauv’ con ». Dans cet épisode aussi, les mots spontanément utilisés révélaient l’univers sémantique et culturel de celui qui est en principe chargé de personnifier les valeurs républicaines.

Le ministre Devedjian, qui en juin 2007 avait traité de « salope » son adversaire de droite Anne-Marie Comparini, vole au secours de Hortefeux et dénonce les  "commissaires politiques". Dans ce cas c’est le retour de son passé de militant du groupe fasciste Occident qui s’exprime (voir notre article Devedjian copie les insultes du Front national )

Il rejoint le  style de soutien de Le Pen qui déclare : " Petit à petit l'espace de liberté d'opinion des Français se restreint. (...) C'est le temps de la Gepeou, la Gestapo,( !) assez, jamais plus ça… »

Le pire est sans doute produit par Henri Guaino, conseiller de Sarkozy chargé du discours « social », spécialiste du détournement de Jaurès et autres symboles de gauche et rédacteur du discours de Dakar. Il  s'en est pris pour sa part ( 12/9 sur France Info) à "la transparence absolue", qui est pour lui "le début du totalitarisme".

 Le contexte du énième dérapage de Hortefeux est éclairé  par un passage du  livre Histoire secrète de la droite, 1958-2008  rédigé par des journalistes sarkozystes et qui décrit la genèse de la création d’un ministère de l’Identité nationale, ensuite confié à B. Hortefeux :

« Le jeudi 8 mars 2007

. […] face à la remontée de S. Royal dans les intentions de vote du second tour, une prompte décision s’impose. Pourquoi ce “coup de mou”que rien ne laissait présager ? L’analyse est fournie,une fois de plus, par P. Buisson (conseiller de Sarkozy issu de l’extrême droite ndlr) lors d’une réunion convoquée d’urgence.

– Nicolas est en train de se notabiliser, attaque Buisson. J’y vois la conséquence du choix de S .Veil pour présider le comité de soutien.[…]

Puis, s’adressant à Sarkozy:

– Tu as percé parce que tu incarnes une transgression par rapport aux tabous de la politique traditionnelle. Il faut, sans tarder, envoyer un signal fort à toutes les couches nouvelles qui ont déjà basculé dans ton camp ou qui sont prêtes à le faire. Or, le tabou des tabous, c’est l’immigration. La transgression majeure, elle est là. Pas ailleurs. Il faut en remettre un coup sur le thème de l’identité nationale. Le silence, alors, est à couper au couteau. Seul Guaino intervient pour soutenir Buisson. Puis, après un nouveau silence, Sarkozy lui-même :

–       Patrick a raison. Je vais proposer la création d’un ministère de l’Identité nationale. Quant à Simone, je la gère. Elle doit comprendre. Elle comprendra."

 On connaît la suite. (voir nos articles précédents et notamment

Sarkozy et Hortefeux: chasse aux immigrés

  Le 20 Octobre mobilisation contre la loi Hortefeux!

  Sarkozy: une année dure et exigeante

  Hortefeux: guerre aux associations!

Sans papiers: le soutien criminalisé

Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse )

Face au scandale on ne peut pas contenter de protestations limitées; Hortefeux doit partir, le ministère de l'Identité nationale doit être supprimé.

Il est de la responsabilité des  grandes organisations de lutte contre le racisme d’organiser une mobilisation unie pour l'obtenir.

On ne peut que s’étonner de voir la direction de la LICRA se rendre  auprès de Hortefeux. Elle semble ainsi offrir du crédit à ses dénégations et donc lui offrir un répit. La direction de la LICRA choisit d'ailleurs de soutenir Hortefeux à la suite de son entrevue, alors qu’elle sait parfaitement à quoi s’en tenir (voir notre article précédent De Villiers et son faux témoin )

Nous vous appelons d’ores et déjà à signer la pétition lancée par Charlie Hebdo demandant le départ de Hortefeux link

Memorial 98

 

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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 22:28

 

 

 

 

 

Quelques jours avant leur "procès" de février 1944, après avoir subi des tortures, les accusés de l'Affiche Rouge ont été photographiés dans une cour de la prison de Fresnes. Ce sont ces portraits que l'on retrouve sur l"affiche en question (ci-dessous).  Missak Manouchian est le 6ème en partant de la droite. Ils sont condamnés à mort et exécutés immédiatement le 21 février 1944.
 

                                                                                                                   

 

Manouchian

 

MISSAK de Didier Daeninckx, Editions Perrin, 2009.

Ce beau roman est consacré à la vie et à la personnalité de Missak Manouchian.

Dans la France des années 1950, un journaliste communiste à qui la direction de son jouranl commande un texte sur Manouchian chemine vers la vérité et la mémoire.

À travers son enquête le récit, solidement documenté, aborde plusieurs thématiques: Manouchian avant la guerre, ancré dans l’histoire du siècle  et du génocide arménien, l’histoire des FTP-MOI et de leur chute, le stalinisme et son œuvre destructrice.

On croise la famille Aznavourian, Charles Tillon, Aragon, Henri Krasucki, Armenak Manoukian, le militant trotskiste arménien mort aux côtés de Manouchian et auquel celui-ci rend hommage dans son dernier courrier.

Les circonstances qui conduisent à l’arrestation du groupe sont éclairées d’un jour nouveau.

L'affiche rouge collée par les nazis sur les murs de Paris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Histoire de l’antisémitisme russe

 

L'antisémitisme en Russie de Catherine II à Poutine de Jean Jacques Marie Ed Taillandier 2009

Dans ce livre érudit est décrite la continuité de l’antisémitisme en Russie.

L'antisémitisme a joué un rôle essentiel dans la Russie tsariste. Les deux grands mythes du "complot juif mondial" puis du "judéo-bolchevisme", repris par les nazis, y ont été fabriqués. Les prétendus « protocoles des sages de Sion » ont été fabriqués par des agents de l’Okhrana (police politique du tsarisme)  et publiés en 1903 dans la revue "Znamia".

La hiérarchie de l'église orthodoxe a joué et joue toujours un rôle particulièrement virulent dans cet antisémitisme, comme en Roumanie et en Grèce.

Après une interruption due à la révolution de 1917, l'antisémitisme d'Etat ressurgit, à la fois agressif et honteux, dans l'Union soviétique de Staline, y compris pendant la 2eme guerre mondiale. C’est sans doute un des aspects les plus criminels de la dictature stalinienne, qui après avoir aidé Hitler par le pacte germano-soviétique, exploite d'abord puis fait réprimer et massacrer des intellectuels juifs qui combattent le nazisme. Les partis communistes dont le PCF reprennent fidèlement ces campagnes qui s'appuient sur les pires poncifs antisémites.

Le livre aborde aussi la résurgence actuelle de l’antisémitisme et de l’agitation contre les originaires du Caucase, ainsi que la production antisémite de Soljenitsyne 

L’ouvrage comprend de très nombreuses références qui méritent une relecture attentive.

 

 

 Mein Kampf: histoire d'un livre  Antoine Vitkine Flammarion, 2009

Le 70eme anniversaire du déclenchement officiel de la 2e guerre mondiale rappelle que Hitler avait annoncé ses projets depuis 1924 dans Mein Kampf .

L’attitude des dirigeants de la gauche allemande, notamment du parti communiste stalinisé qui ont permis la victoire d’Hitler puis des gouvernements anglais et français lâches et de Staline signant un pacte avec Hitler, ont abouti à la guerre et à la Shoah.

Voir notre article précédent Rééditer Mein Kampf ?

 

MEMORIAL 98

 

 

 

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19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 23:29

L’intégration de Philippe De Villiers à la majorité sarkozyste provoque des remous.

Celui dont la xénophobie et l’agitation contre les musulmans constituent le fonds de commerce fait mauvais effet, sauf aux yeux d'Eric Besson.

 

La LICRA, dirigée par  P. Gaubert, ex-député européen membre de l’UMP, déclare ainsi :  "Le discours politique de l'UMP ainsi que celui de la majorité présidentielle n'ont rien à gagner à l'arrivée du supplétif Philippe de Villiers, sauf à droitiser voire à extrême droitiser leurs propres discours.

C'est pour l'UMP cautionner a posteriori les propos intolérables et racistes de M. de Villiers"

L'organisation et son président rappellent que M. de Villiers fut "expulsé vigoureusement de la manifestation qu'elle organisait en février 2006 après l'assassinat d'Ilan Halimi alors que M. de Villiers tentait d'y imposer sa présence".

Face à cette fronde, l’UMP a trouvé un témoin de moralité en la personne  du « jovial » Jean-Claude Gaudin. Selon lui, il n’y a aucun problème car atteste-il : « …M. de Villiers n'est pas de l'extrême droite. Il a toujours été très net vis-à-vis de Front national et nous aussi, par conséquent ça s'arrête là…".

Les communicants de l’UMP ont dû oublier de vérifier le pedigree du maire de Marseille. 

Gaudin a en effet, dès 1986 et avant tous les autres, fait alliance avec le Front National pour être élu à la tête de la région PACA. Il a géré ensemble  la région avec le parti d’extrême-droite jusqu'en 1992, à coup de nominations et de désistements réciproques lors des échéances électorales.(voir nos articles précédents Sarkozy, Gaudin, Estrosi: l'ombre du Front National et  Des "collègues" du FN à la tête de l'UMP )

Cette gestion commune a servi de laboratoire et de "modèle" à d’autres  dirigeants régionaux de la droite qui ont finalisé leurs accords avec le FN lors des élections régionales d’avril 1998.

En 1998, le même Gaudin organisait la scission de l’UDF car ses instances de l’époque refusaient  l’alliance avec le FN et créait le parti Démocratie Libérale avec notamment Madelin et  Raffarin.

Gaudin a ensuite  récupéré dans sa région de nombreux cadres et élus FN locaux, rebaptisés par lui « droite républicaine », sans avoir rien changé de leurs idées et de leurs pratiques.

Un des fleurons de ce recyclage fut  Daniel Simonpieri, maire de Marignane qu'il avait conquis en 1995 sous la bannière FN, intégré à l'UMP par Gaudin en 2004, et dont il a imposé l’investiture au nom de l’UMP pour les municipales de 2008.

Le député UMP de la circonscription, E.Diard, a protesté et rappelé que Simonpieri avait inauguré dans sa ville une stèle en hommage aux généraux putschistes d'Algérie et aux membres de l’OAS.

Ses protestations n’ont pas pesé face au choix de Gaudin qui présidait aussi la commission nationale d’investiture de l’UMP. Diard a ensuite  présenté une liste qui a largement devancé celle de Simonpieri.

Il ne s’agit pas d’histoire ancienne. La coopération électorale entre la droite et le FN a constitué une des racines de la légitimation de ce parti et de son irruption à la présidentielle d’avril 2002.

La campagne de Sarkozy en 2007 a prolongé cette entreprise d’intégration des thèmes d’exclusion portés par l’extrême-droite.

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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 00:09

Un débat s’est rouvert en Allemagne à propos de l'édition de "Mein Kampf".

A l’échéance du 31 décembre 2015, les droits d'auteur de l'édition originale de Mein Kampf tomberont dans le domaine public. A cette date, des rééditions néo-nazies du manifeste hitlérien seront théoriquement possibles, alors qu’elles sont actuellement interdites dans ce pays.

Rédigé par Adolf Hitler alors qu'il était emprisonné à Landsberg entre 1923 et 1924 pour une tentative ratée de putsch, Mein Kampf pose les fondements de l'idéologie nazie. L’ouvrage détaille notamment les théories d'Hitler sur la pureté raciale, sa haine du communisme et du socialisme et son obsession de la malfaisance des Juifs, qu’il voue aux gémonies et désigne comme responsables de tous les malheurs de l’Allemagne et du monde.

Il s’y réfère abondamment au faux antisémite des prétendus « Protocoles des sages de Sion », qu’il considère comme véridiques et dignes de foi.

Les ventes de MK ont suivi l'ascension politique d'Adolf Hitler.

Diffusé par le régime nazi, plus de 10 millions d'exemplaires se sont vendus entre 1930 et 1940, auxquels on peut ajouter les traductions dans une quinzaine de langues.

Mein Kampf est aujourd’hui interdit à la diffusion en Allemagne, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux pays.

Le Conseil central des juifs allemands a apporté son soutien à une proposition pour la republication de Mein Kampf. Un certain nombre de juifs allemands s'opposent à cette initiative mais Stephan Kramer, secrétaire général du Conseil des Juifs d’Allemagne (qui se montre combatif sur toutes les questions de racisme et de lutte contre l’extrême droite) pense que le livre doit être lu par les générations futures pour les informer de la nocivité du nazisme : «Il est important de publier une édition de Mein Kampf avec un commentaire pédagogique, a-t-il déclaré. Nous devons préparer une édition historiquement critique aujourd'hui pour empêcher que les néo-nazis en profitent.»

L’Etat de Bavière, qui détient les droits du livre, reste opposé à cette idée. «Nous ne lèverons pas l'interdiction car elle pourrait faire le jeu de l'extrême droite», a déclaré un porte-parole du gouvernement bavarois.

Néanmoins, W. Heubisch, ministre des sciences et de la recherche de Bavière, s'était prononcé en faveur d'une réédition: «S'il faut que l'ouvrage d'Hitler soit édité, le danger existe que des charlatans et des néo-nazis se saisissent de cette œuvre ignoble lorsque la Bavière n'aura plus les droits ».

 

En France, la publication et la vente en librairie de Mein Kampf demeurent à priori "taboues", mais ne sont pas interdites. Dans un arrêt du 11 juillet 1979, la Cour d'appel de Paris à jugé que Mein Kampf peut être autorisé à la vente compte tenu de son intérêt historique, mais accompagné toutefois d'un texte de huit pages mettant en garde le lecteur. Ce texte évoque les dispositions légales en matière d'incitation à la haine raciale et rappelle les crimes contre l'humanité du régime hitlérien.

En pratique ce sont les librairies d’extrême-droite et surtout les nombreux sites néo-nazis qui proposent l’ouvrage, téléchargeable dans de nombreuses langues.

Le livre est largement diffusé dans les pays arabes (mais il y reste dépassé par son « ancêtre » les « Protocoles des sages de Sion ») en  Inde, en  Indonésie,  en Turquie. Partout il symbolise l’ultra-nationalisme et l’antisémitisme.

L’ouvrage récent  d’Antoine Vitkine Mein Kampf: histoire d'un livre ( Flammarion, 2009) retrace une partie du sort de l’ouvrage d’Hitler. On peut  aussi lire une interview de l’auteur http://www.arte.tv/fr/recherche/2014706.html

 

Nous estimons que l’accès à Mein Kampf, le débat sur l’histoire du nazisme et l’application du programme hitlérien qui est contenu dans l’ouvrage, constituent des outils pédagogiques.

On peut ainsi mesurer ce que doivent à ces thèses les campagnes de l’extrême-droite européenne, du Front national, de la liste « antisioniste » de  Dieudonné-Soral-Gouasmi (qui vitupère  sur le « sioniste qui se trouve derrière chaque divorce » reprenant un thème typiquement nazi), voir notre article précédent Interdire les listes de Dieudonné ?

Quand Dieudonné prépare déjà la prochaine échéance de son spectacle de décembre prochain qui, après Faurisson en 2008, sera centré sur la célébration de Céline.

Quand Kémi Seba se lance sur Internet dans une comparaison entre  Bonaparte et Hitler dans le seul but de convaincre ceux qui l’écoutent qu'Hitler ne doit pas être « diabolisé ».

Quand l'antisémitisme mais aussi le négationnisme et le racisme sont diffusés aussi largement, il est utile de retracer la nature de ce qui constitue l'idéologie la plus réactionnaire jamais produite à ce jour.

 

MEMORIAL 98

 

 

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